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COVID-19 : Une simple parole crée l’aérosol

Actualité publiée il y a 4 années 1 mois 3 semaines
PNAS
« Ce n'est pas seulement juste autour de votre tête, c'est à l'échelle de plusieurs mètres autour de vous » (Visuel Princeton University).

Faudrait-il donc aussi s’arrêter de parler ? Non, cependant ces travaux d’experts en mécanique des fluides, publiés dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS), décrivent comment une simple conversation, même en respectant la distanciation, répand rapidement des gouttelettes à l'intérieur d’un espace clos. Ainsi, une conversation ordinaire crée un flux d'air conique en forme de jet qui diffuse rapidement ces minuscules gouttelettes- avec des implications certaines pour la transmission de maladies comme le COVID-19.  

 

Ces bioingénieurs de l’Université de Princeton ont filmé le mouvement de ce brouillard de minuscules gouttelettes et matérialisent ainsi cet aérosol inévitable lors de toute conversation. « Chacun doit prendre conscience de cet effet », explique l’auteur principal, Howard Stone, professeur de génie mécanique et aérospatial à l'Université de Princeton.

« Ce n'est pas seulement juste autour de votre tête, c'est à l'échelle de plusieurs mètres autour de vous »

Bien que les scientifiques n'aient pas encore totalement précisé les mécanismes de transmission du COVID-19, les dernières recherches désignent les gouttelettes aérosolisées comme vecteurs de transmission du virus. Une étude récente a ainsi démontré qu’une simple respiration suffit à créer ce flux aérosolisé. Cette transmission par aérosol pourrait être à l’origine d’une grande partie de la propagation par des personnes asymptomatiques, explique le co-auteur principal, Manouk Abkarian, chercheur expert en physique et mécanique des systèmes biologiques, de l’Université de Montpellier.

 

La parole, un facteur important de propagation dirigée : à l’intérieur, les conversations normales peuvent diffuser cet aérosol expiré bien au-delà des normes de distanciation sociale préconisées par les différentes organisations et autorités de santé (soit 1 à 2 mètres). L’étude a examiné le flux de particules dans un espace intérieur sans une bonne ventilation et reconstitué ainsi le mouvement aérodynamique des particules en aérosol généré par la seule parole. À l'aide d'une caméra ultra-rapide, les chercheurs ont filmé le mouvement de ce brouillard constitué de minuscules gouttelettes alors qu’un intervenant prononçait des phrases comportant différents sons.  

Des sons plus propulseurs que d’autres ! Les sons «P» par exemple induisent un flux d'air en forme de cône en forme de jet à partir de la bouche de l'orateur. Un flux d'air qui peut très rapidement propulser au loin les minuscules particules de l’aérosol.

Même une courte phrase peut propulser les particules au-delà de 1 mètre

or c'est la distanciation recommandée par l’OMS.

La distance de propagation dépend en partie de la durée de la conversation. « Parler 30 secondes à haute voix projette un aérosol à près de 2 mètres en direction de votre interlocuteur ». Ainsi, les aérosols éjectés par la parole parcourent généralement une distance de 2 mètres en environ 30 secondes, et sur cette distance, la concentration des aérosols se dilue à environ 3% du volume d'origine.

 

Les masques coupent ce flux de manière efficace : ces données mettent en exergue l'importance de l’aération des espaces clos et le port du masque en intérieur : ainsi, même si les masques ne bloquent pas complètement le flux d'aérosols, écrivent les chercheurs dans leur communiqué, ils jouent un rôle essentiel dans la perturbation du flux d'air de la bouche de l’orateur, empêchant la diffusion rapide de gouttelettes sur des distances supérieures à 30 cm.

Une distanciation sociale de 2 mètres ne suffit pas à elle-seule à protéger. D’autant que les aérosols créés par une conversation provoquent une sorte de turbulence bien plus complexe que des jets d'air simples. Et cela sans compter les mouvements de la tête ou du corps de l'orateur et les flux possibles de l'air ambiant. L'analyse de ces facteurs exigerait des travaux supplémentaires.

 

Ces données éclairent un peu plus sur les modes possibles de propagation du virus et soutiennent à nouveau le port du masque en espace clos.