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CRISE CARDIAQUE : Faut-il revoir les recommandations de prescription des bêtabloquants

Actualité publiée il y a 7 années 5 mois 2 semaines
JACC

Cette large étude britannique publiée dans le Journal of the American College of Cardiology révèle, qu’après prise en compte de l’ensemble des facteurs de risque possibles et de l’ensemble des traitements, la prescription de bêtabloquants aux patients qui viennent de subir une crise cardiaque mais qui sont exempts d'insuffisance cardiaque, pourrait ne pas apporter de véritable avantage de survie. Des résultats à prendre avec précaution mais qui appellent à mener d’autres études pour préciser le rapport bénéfice-risque de ces médicaments chez ce groupe de patients.

Les bêtabloquants sont fréquemment prescrits aux patients qui ont subi une crise cardiaque. Ces médicaments agissent sur le cœur et les vaisseaux, permettent une baisse de la tension artérielle, un ralentissement de la fréquence cardiaque et une diminution de la force de contraction du cœur. Ces médicaments peuvent entraîner des effets indésirables, dont des étourdissements, des battements cardiaques lents, une fatigue et un refroidissement des mains et des pieds. Ces médicaments sont souvent prescrits à vie aux personnes souffrant d'insuffisance cardiaque. Enfin, si les recommandations sont en faveur d'un traitement par bêtabloquants, en général d'une durée d'un an, pour tous les patients ayant eu une crise cardiaque, cette recherche révèle que beaucoup d'entre eux en fait ne vont pas bénéficier de ces médicaments.


Les chercheurs de l'Université de Leeds, d'Édimbourg, de l'University College London, du Bart's Heart Centre London, de la NHS Foundation Trust et d'autres instituts de recherche en Suède, en France et en Espagne ont souhaité préciser les effets des bêtabloquants chez différents groupes de patients. Leur analyse des données de 179.800 participants ayant eu une crise cardiaque mais exempts d'insuffisance cardiaque a comparé les taux de mortalité entre les patients avec prescription de bêta-bloquants et ceux sans prescription, à la sortie de l'hôpital. L'analyse montre que si le taux de décès à 1 an est réduit chez les patients recevant des bêtabloquants (5% vs 11%), les bêtabloquants n'ont en fait que peu d'incidence sur le risque de décès après prise en compte des autres facteurs de risque (sexe, faible niveau socio-économique, année d'admission à l'hôpital, facteurs de risque cardio., antécédents d'AVC, de maladie vasculaire périphérique, suivi par un cardiologue…) et des autres traitements (dont statines, aspirine, inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine). Précisément :

-parmi les 179.810 participants qui ont survécu à leur crise cardiaque, 9.373 sont décédés dans l'année suivant leur hospitalisation ;

-94,8% de tous les survivants ont reçu des bêtabloquants lorsqu'ils ont été déchargés de l'hôpital.

-Ces patients avec prescription, étaient plus susceptibles d'être des hommes, un peu plus jeunes (63 ans vs 69 ans) et moins susceptibles d'avoir d'autres maladies (diabète, insuffisances rénale, antécédents d'AVC ou d'asthme).

-Le taux de décès est moins élevé chez les participants ayant reçu des bêtabloquants (4,9% vs 11,2%).

-Cependant, après ajustement pour les facteurs de confusion, le lien entre les bêta-bloquants et la survie à 1 mois, 6 mois ou 1 an perd toute significativité.

Ainsi la conclusion des chercheurs va dans le sens d'une absence de bénéfice de survie à 1 an avec les bêtabloquants, chez survivants de crise cardiaque exempts d'insuffisance cardiaque ou de dysfonction systolique du ventricule gauche. Ils suggèrent donc de réexaminer par de nouvelles recherches le rapport bénéfice-risque des bêta-bloquants et leur prescription de routine chez ce groupe de patients. Bien évidemment, ces résultats doivent être interprétés avec grande prudence : ils ne préjugent notamment pas de l'absence d'autres avantages pour les patients, en dehors de la mortalité.


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