CRISE CARDIAQUE: Pourquoi les femmes jouent un jeu dangereux
La douleur qui survient lorsque le cœur manque de sang, en raison d'un blocage d'une ou plusieurs des artères est souvent décrite comme une sensation d’oppression ou de brûlure. C’est un signal d'avertissement suffisamment clair de risque accru de crise cardiaque, d’arrêt cardiaque ou de mort subite d'origine cardiaque. Pourtant de nombreuses femmes « jouent alors un jeu dangereux » en n’allant pas consulter ou chercher de l’aide. Cette étude, présentée au Congrès canadien des maladies cardiovasculaires, décortique les raisons de ce comportement et rappelle l'importance de consulter au plus vite.
Si les maladies cardiaques sont l'une des principales causes de décès (aussi) chez les femmes, ces dernières ont souvent tendance à ne pas prendre la douleur au sérieux et retarder la consultation médicale qui s'impose. Ainsi, si l'on a observé une baisse significative de la mortalité cardiovasculaire significative chez les hommes au cours de ces 20 à 30 dernières années, cela n'a pas été le cas chez les femmes. Au-delà , l'anxiété, plus fréquente chez les femmes, qui peut aussi entraîner des douleurs thoraciques autres que cardiaques, peut aussi expliquer ce retard de prise en charge, avait montré une étude de l'Université McGill. A cette confusion, chez certains professionnels de santé comme chez les patientes, s'ajoute une prévalence du syndrome coronarien aigu plus faible chez les femmes que chez les hommes. Les professionnels des urgences seront donc plus enclins à écarter l'origine cardiaque du malaise. Enfin, les conséquences associées à des symptômes identiques sont parfois plus sévères chez les femmes. Ainsi, pour une même pression sanguine (HTA), l'incidence de la maladie cardiaque est estimée de 30% supérieure chez les femmes vs les hommes.
Il n'en reste pas moins que lorsque les symptômes cardiaques se présentent, si les hommes et les femmes passent par des paliers de douleur comparables, les femmes seront moins disposées à consulter rapidement ou à se présenter aux urgences. Elles pourront plus fréquemment mettre leur vie en danger. Car le danger est lié à une hospitalisation trop tardive, à un stade plus sévère ou avancé de la maladie cardiaque, avec moins d'options thérapeutiques possibles.
Le Dr Catherine Kreatsoulas, épidémiologiste, chercheur à la Harvard School of Public Health et auteur principal a mené sa recherche auprès de patients présentant des symptômes de maladie coronarienne, inclus dans l'étude juste avant leur première coronarographie. Dans un premier temps, son équipe a interrogé les patients cardiaques sur leur expérience de l'angine de poitrine (angor) et leur prise de décision d'aller chercher des soins médicaux. La seconde phase de l'étude a porté sur un nouveau groupe de patients dont les motivations de recherche de soins ont été analysées.
Un point de basculement symptomatique plus tardif chez les femmes: C'est ce seuil, entre symptômes et soins, où le patient se décide enfin à aller chercher de l'aide que les chercheurs ont cherché à préciser, chez les femmes et les hommes. Ils identifient ici 6 étapes de transition, communs aux hommes et aux femmes :
1. La période d'incertitude où le patient attribue ses symptômes à une autre raison ​​de santé
2. le refus ou le déni du symptôme,
3. la recherche d'avis ou d'aide de quelqu'un de son entourage,
4. la reconnaissance de la gravité des symptômes,
5. la recherche de soins médicaux,
6. la reconnaissance de la maladie.
Les femmes restent dans la période de déni bien plus longtemps que les hommes. Alors que les hommes vont rapidement demander l'avis d'un proche sur ​​les symptômes ressentis, les femmes vont attendre des réflexions sur leur mine ou leur forme pour sortir de leur période de déni. «Les femmes espèrent toujours que les symptômes vont disparaître d'eux-mêmes ». Ainsi, l'analyse montre que les femmes sont 50% plus susceptibles que les hommes d'attendre des symptômes sévères et fréquents pour aller consulter.
Les femmes ont d'autres préoccupations que leur propre santé, explique l'auteur. Elles sont souvent « chargées » de famille et plus préoccupées en cas de maladie par les conséquences possibles pour la famille que par leurs options de traitement. « Les femmes sont capables d'ignorer leurs symptômes sur une longue période de temps et même d'imaginer une petite amélioration des symptômes», explique l'auteur.
La maladie coronarienne est toujours perçue comme une «maladie de l'homme», même si, pourtant, c'est l'une des principales causes de mortalité chez les femmes. Pourtant le symptôme d'angor est clair, ce genre de douleur à la poitrine doit inciter à consulter immédiatement. Généralement le symptôme ne dure que quelques minutes, mais si la douleur dure plus longtemps, cela peut évoquer un blocage t total d'une artère coronaire, un risque élevé de crise cardiaque et dans tous les cas, l'urgence d'une prise en charge médicale.
Enfin, les facteurs de risque sont eux-aussi évitables par les femmes comme par les hommes : Absence ou réduction du tabagisme, pratique de l'activité physique, alimentation équilibrée et maintien du poids sont les facteurs clés et mixtes de la prévention cardiaque.
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