DÉCISION : Pourquoi s’obstine-t-on parfois à faire le mauvais choix ?
Il nous est tous arrivé de faire le mauvais choix, de le savoir mais de persister quand même dans l'erreur. Ces chercheurs de l'Ecole de médecine de l'Université du Minnesota ont regardé de plus près ce phénomène cognitif, lié à ce qu’ils appellent « l’erreur liée aux coûts irrécupérables », qui concerne des individus qui restent engagés dans un choix, alors qu'il est clair qu'il existe une meilleure alternative. Leurs conclusions présentées dans les revues Science et PLoS Biology ont des implications possibles pour le traitement de certaines dépendances qui obéissent au même phénomène cognitif : je persiste même si je sais que je n’ai rien à y gagner…
Ce comportement des personnes qui restent fixées sur un choix, même quand il est clair qu'il existe une meilleure option, est un phénomène troublant pour les psychologues comme pour les économistes. Les auteurs donnent ainsi l’exemple du refus d'abandonner un projet non rentable parce qu'on y a déjà investi beaucoup de temps, d’énergie et d’argent. Ce phénomène cognitif a longtemps été considéré comme un problème propre aux humains. Cette recherche montre que les humains ne sont pas les seuls à montrer un comportement irrationnel.
La quantité de temps déjà passé sur une tâche, influence le choix humain de continuer. Ce temps déjà consacré, connu sous le nom de « coût irrécupérable », réduit la probabilité d'abandonner la poursuite d'une récompense, même s'il n'y a aucun signe de succès probable. Cette prise en compte du temps investi est similaire chez les souris, les rats et les humains, ont montré de précédentes études : les trois espèces affichent une résistance à abandonner leur quête d'une récompense dans un contexte de recherche de nourriture, une fois prise la décision de poursuivre la récompense. Cette recherche de l'Université du Minnesota confirme que les souris, les rats et les humains commettent tous cette erreur liée aux coûts irrécupérables.
Les souris comme les Hommes commettent l’erreur des coûts irrécupérables : la démonstration est apportée avec des souris et les rats informés, par un son, du temps qu'il faudra avant que la nourriture ne soit délivrée à 4 points d’un labyrinthe. Egalement avec des humains invités à rechercher des vidéos sur un site web, et dont le téléchargement était parfois très retardé. Dans ces expériences, les souris, les rats et les humains doivent répondre ainsi à la même question : « Suis-je prêt à passer encore 20 secondes de mon temps à attendre pour ma récompense ? ». L’expérience montre que plus l’animal ou l’Homme a déjà attendu, plus il est réticent à abandonner la perspective de sa récompense, même s’il reçoit l’information qu’elle arrivera trop tardivement ou qu’elle ne viendra pas.
Un conflit sous-jacent entre désir et connaissance et entre différents circuits neuronaux : plusieurs laboratoires de recherche ont collaboré à ces travaux qui constatent que les souris, les rats et les humains utilisent des systèmes neuronaux similaires pour prendre ces différents types de décisions. Les souris et les rats peuvent même apprendre à éviter ces erreurs lorsqu’ils « délibèrent » en amont, a suggéré une seconde étude présentée dans la revue PLoS Biology. C’est donc un processus de décision complexe, assorti d'un conflit sous-jacent entre le désir et la connaissance, soulignent les chercheurs. Le conflit se situe concrètement entre différents systèmes de décision neuronaux, qui peuvent être manipulés séparément : d’autres recherches ont en effet démontré que différents médicaments (cocaïne, morphine) et différents changements dans les circuits neuraux affectent différemment ces deux systèmes, ce qui suggère que certaines dépendances pourraient bénéficier de traitements ciblés et individualisés.
« Les décisions dépendent des circuits neuronaux, ce qui suggère que la manipulation de ces circuits et de manière spécifique, puisse modifier le processus de décision ».
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