DÉPISTAGE du CANCER: Après le PSA pour la prostate, la mammographie en question
La même controverse qui court sur la légitimité d’un dépistage généralisé du cancer de la prostate par test PSA est en cours, au moins aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, aussi pour le dépistage du cancer du sein par mammographie. Car, de la même manière que certains experts et de nombreuses études ont dénoncé et depuis longtemps, les dangers de surdiagnostic et surtraitement lié au dépistage par PSA, la littérature scientifique est presqu’aussi riche sur les dangers du dépistage systématique du cancer du sein par mammographie. Pour chaque vie sauvée par le dépistage jusqu'à 10 femmes seraient traitées inutilement, dénonce à nouveau cette étude norvégienne publiée dans les Annals of Internal Medicine.
Rappelons qu'hier même, en France, la Haute autorité de Santé a publié de nouvelles recommandations, sur le dépistage du cancer de la prostate, précisant des conditions, spécifiques, de pertinence d'un dépistage par PSA, après identification de facteurs de risque et rappelant la nécessité d'une meilleure information du patient et d'une concertation « éclairée » médecin-patient.
Cette étude menée par des chercheurs de la Harvard School, de l'Institut Karolinska (Suède) et de l'Université d'Oslo (Norvège), financé par le Conseil norvégien de la recherche et de la Science qui s'est penchée sur l'impact du dépistage du cancer du sein en Norvège et à la fréquence auquel il peut conduire au surdiagnostic. Ici, les chercheurs ont inclus 39.888 patientes atteintes de cancer du sein invasif diagnostiquées entre 1986 et 2005. 18.708 cas avaient été recensés chez des femmes âgées de 50 et 69 ans, tranche d'âge du dépistage. L'analyse basée sur 20 années de données suggère un taux de surdiagnostic considérable de 15 à 20%. Cela équivaudrait, précisent les chercheurs, à 6 à 10 femmes surdiagnostiquées pour 2.500 femmes dépistées. « Seules » 20 femmes sur 2.500 dépistées sont bien diagnostiquées avec un cancer du sein non surdiagnostiqué. Les chercheurs concluent que le dépistage par mammographie entraîne un taux important de surdiagnostic.
En bref, dépister par mammographie 2.500 femmes permettrait d'éviter un décès par cancer du sein. Ici, la comparaison est possible avec le dépistage du cancer de la prostate : Le Comité d'experts américains, l'U.S. Preventive Services Task Force (USPSTF) avait estimé que pour prévenir 1 décès par cancer de la prostate, il faut dépister 1.410 hommes et en traiter 48.
Cette étude fournit des données supplémentaires et pertinentes à la nouvelle évaluation britannique en cours sur la question au Royaume-Uni et répond aussi aux nombreux articles concordants et avis d'experts publiés aux Etat-Unis. En termes de dépistage, rappellent les auteurs, il convient de s'assurer de sa capacité et à détecter et à sauver des vies et de son innocuité, en ne conduisant pas à des traitements invasifs inutiles.
La question est très complexe et certes non tranchée car toute décision repose sur la recherche de données de très haute qualité qui peuvent indiquer de façon fiable ce qui se passerait en l'absence de dépistage dans une population donnée. Mais, en dépit de ses limites possibles, cette nouvelle étude vient confirmer d'autres publications récentes et offre, à nouveau, matière à réflexion.
Source: Annals of Internal Medicine 2012 156:536-537 « Overdiagnosis of Invasive Breast Cancer Due to Mammography Screening: Results From the Norwegian Screening Program”
Lire aussi : CANCER de la PROSTATE: Les dangers du test PSA –
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