DÉPRESSION POST-PARTUM : Découverte d’une protéine cible protectrice contre l’anxiété
Près d’une mère sur 5 est touchée par la dépression post-partum. Or on sait que le dérèglement de l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS) du cerveau, qui médie la réponse physiologique au stress, peut, dans certains cas, induire des troubles du comportement et la dépression. Ces neuroscientifiques de l'Université Tufts (Boston) démontrent pour la première fois l’implication du système « HHS » pendant et après la grossesse, sur un nouveau modèle préclinique de dépression post-partum. Ces travaux, présentés dans la revue Psychoneuroendocrinology apportent ainsi la première preuve empirique que la perturbation de ce système induit des comportements dépression post-partum-like, chez les humains.
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La dépression post-partum entraîne l'anxiété, la fatigue et parfois l'incapacité de nouer une relation parentale avec ses enfants. Ainsi, ce type de dépression a également été associé à un risque accru de troubles du développement chez les nourrissons. Si le stress est reconnu comme un facteur majeur de risque de dépression post-partum, l’étiologie de ce trouble complexe est encore mal comprise. En développant une souris modèle préclinique de dépression post-partum, ces neuroscientifiques de la Tufts ont pu étudier l'implication du système neuroendocrinien médiant la réponse physiologique au stress, l’axe HHS, qui normalement est moins actif pendant et après la grossesse. Leurs résultats obtenus chez la souris fournissent la première preuve empirique que la perturbation de ce système engendre des comportements qui imitent la dépression post-partum chez les humains.
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Dépression post-partum, un mécanisme encore mal compris : le stress est connu pour activer l'axe HHS, ce qui entraîne une réponse de lutte ou de fuite observée chez de nombreuses espèces. Cependant, pendant et après la grossesse, l’activation de l’axe HHS est moindre, afin de protéger la progéniture du stress. Par ailleurs, si de nombreuses recherches invoquent l’implication des hormones du stress sur le développement de comportements post-partum anormaux, les données cliniques chez les femmes souffrant de dépression post-partum restent contradictoires. À ce jour, la recherche n'a démontré ni le rôle de l'hormone corticotrope, impliquée dans la réponse au stress et principalement sécrétée par un groupe de neurones dans une zone de l'hypothalamus appelée noyau paraventriculaire, ni celui de l'activation inappropriée de l'axe HHS dans la dépression post-partum. Enfin, certaines études cliniques ont suggéré une relation entre l'hormone corticotrope, l'axe HHS et la dépression post-partum, mais d'autres ne sont pas parvenues à reproduire ces résultats.
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Premières preuves empiriques d’un dysfonctionnement de l'axe HHS chez les patientes souffrant de dépression post-partum : grâce à ce modèle souris, les chercheurs montrent pour la première fois que le dérèglement de l'axe HHS ainsi qu’une protéine spécifique dans le cerveau, KCC2, peuvent suffire à induire des comportements de dépression post-partum et des déficits de soins maternels. KCC2 joue un rôle clé dans la régulation des neurones de l’axe corticotrope et dans la réponse physiologique au stress. L’étude montre ainsi chez la souris le rôle spécifique de KCC2 dans la régulation de l'axe HHS pendant et après la grossesse : les scientifiques observent ici une baisse de KCC2 chez les souris vierges exposées au stress mais pas chez les souris gravides ou post-partum. Cette réduction de KCC2 contribue à une réduction de la fonction protectrice de HHS avant la naissance. Enfin, des souris complètement privées de KCC2 dans les neurones présentent une réactivité plus élevée au stress pendant la période péripartum et n’apportent pas les soins maternels normaux à leur progéniture.
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Ces travaux identifient ainsi de nouvelles cibles moléculaires et marqueurs biologiques de la dépression post-partum et ces cibles, en particulier KCC2, vont permettre le développement d'une nouvelle classe de médicaments pour la dépression post-partum.
Et peut-être pour d’autres pathologies puisque KCC2 est également impliquée dans l'épilepsie, la douleur chronique et l'autisme, ainsi que d'autres troubles liés au stress et à l'anxiété.
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