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DÉVELOPPEMENT: Des marqueurs cérébraux prédictifs de générosité

Actualité publiée il y a 10 années 1 semaine 2 jours
Current Biology

Des marqueurs cérébraux spécifiques qui peuvent permettre de prédire la générosité chez les enfants âgés de 3 à 5 ans, c’est la découverte de ces neuroscientifiques de l’Université de Chicago qui ont suivi plus de 50 enfants à l’EEG et par eye-tracking mis en situation de porter des jugements moraux et de faire acte ou non de générosité. Les conclusions de l'expérience, publiées dans la revue Current Biology suggèrent aussi qu'il est possible d'accompagner les enfants dans le développement d'un comportement moral et généreux.

Ces chercheurs en psychologie souhaitaient mieux comprendre comment de jeunes enfants décident de partager par générosité. Car si les jeunes enfants sont les « aidants naturels », dans la réalité ils peuvent être réticents au partage. On sait que la générosité chez l'enfant augmente avec l'âge mais le mécanisme qui guide cette propension accrue au partage est inconnu.


Cette étude met en évidence 2 modèles distincts de réponse cérébrale chez l'enfant face à des comportements blessants ou d'entraide. Une réponse « réflexe » précoce et, un peu plus tard, une réponse mieux contrôlée. Cette réponse neurale mieux contrôlée sera prédictive de générosité, plus tard dans la vie.

Dans cette expérience, 57 enfants, âgés de 3 à 5 ans, étaient suivis par EEG et eye-tracking alors qu'ils visionnaient des petits scénarios avec des personnages aux comportements pro et antisociaux. Les personnages pouvaient soit aider, soit blesser les autres. Puis les enfants ont reçu une dizaine d'autocollants et ont été invités, s'ils le souhaitaient à partager un de leurs autocollants avec un enfant anonyme qui devait venir au laboratoire plus tard dans la journée. Les petits participants avaient 2 boîtes, une pour eux-mêmes et une pour l'enfant anonyme.

L'expérience montre,

-qu'en moyenne, les enfants partagent moins de 2 autocollants (1,78 sur 10)

-aucune différence de « générosité » n'est constatée selon le sexe ou l'âge de l'enfant,

-les animations visionnées influencent la probabilité d'un comportement généreux.

L'observation par EEG décrypte le processus de traitement cérébral des situations morales et identifie le lien direct avec le comportement de générosité réel, ensuite, au moment du partage des autocollants. « Ces données illustrent la théorie du développement moral en documentant la contribution respective des processus neuronaux et cognitifs qui sous-tendent un comportement moral chez l'enfant », écrivent les auteurs. En pratique, les scientifiques identifient ici à l'EEG le développement de premières activations neurales « réflexes » en réponse aux stimuli moralement chargés (ici les scénarii), puis le développement de réponses mieux contrôlées aux mêmes stimuli, puis enfin la construction d'un véritable processus d'évaluation morale.

C'est le neuro-développement de la sensibilité morale qui précède des comportements de générosité qui vient d'être décrypté avec des marqueurs neurologiques spécifiques à l'imagerie.

Sur un plan plus clinique, ces résultats suggèrent également qu'en encourageant les enfants à réfléchir sur le comportement moral des autres, il est possible de favoriser chez eux le développement de l'esprit de partage et de la générosité.

L'équipe poursuit aujourd'hui ses recherches sur l'émergence et la construction de la moralité chez l'enfant, sur un groupe d'enfants encore plus jeunes, âgés de 12 à 24 mois.

Source: Current Biology December 18, 2014 DOI: org/10.1016/j.cub.2014.11.002 The Neuroscience of Implicit Moral Evaluation and Its Relation to Generosity in Early Childhood (Visuel@Jean Decety/University of Chicago)

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