DÉVELOPPEMENT SEXUEL: Sans insuline et IGF, l'embryon est assexué
Est-ce une fille ou un garçon? C'est la première question posée par les parents durant la grossesse ou à la naissance de l’enfant. Des chercheurs de l'Université de Genève (UNIGE) ont tenté de mieux comprendre le mécanisme de détermination du sexe, un processus en réalité très complexe, en identifiant le rôle crucial joué par l'insuline et les facteurs de croissance IGF1 et IGF2 dans la détermination du sexe des embryons. Les résultats de cette étude, publiée dans l’édition du 2 janvier de la revue PLoS Genetics pourront permettre d'améliorer les pratiques de diagnostic et de conseil génétique pour les personnes atteintes de troubles du développement sexuel.
Chez les mammifères, le développement sexuel est un long processus commençant à la conception, lorsque la transmission par le sperme d'un chromosome sexuel X ou Y détermine le sexe génétique de l'embryon. Les stades de développement suivants traduiront ce « sexe génétique » soit en ovaires ou en testicules, qui vont sécréter les hormones qui vont masculiniser ou féminiser le fœtus.
Le Pr Serge Nef, professeur au Département de médecine génétique de l'UNIGE, afin de mieux comprendre les premières étapes du développement sexuel, s'est intéressé au rôle d'une classe d'hormones, les insuline-like growth factors (IGF) et de leurs récepteurs dans les cellules. Ces facteurs, connus pour être impliqués dans la régulation du métabolisme et de la croissance, ont également un rôle clé dans la régulation des fonctions reproductives de l'individu car la fonction de reproduction est étroitement liée au métabolisme et à la croissance.
Métabolisme et reproduction : La croissance d'un individu ne peut pas progresser normalement sans apport énergétique suffisant. Ainsi, certaines femmes souffrant d'anorexie pourront souffrir d'infertilité et d'autres, souffrant d'obésité morbide auront des perturbations importantes dans leur fertilité. Les interactions entre le métabolisme, la croissance et la capacité de reproduction sont justement régis par des facteurs communs tels que l'insuline et les IGF. Ici, le Pr Nef montre que ces interactions sont encore plus importantes qu'on ne le pensait, parce que les récepteurs de l'insuline et de l'IGF sont également essentiels pour la détermination du sexe chez les mammifères.
Récepteurs de l'insuline et IGF, essentiels dans la différenciation sexuelle: Lorsque les chercheurs inactivent les récepteurs de l'insuline et IGF dans des embryons de souris, ils constatent qu'au moment de la détermination du sexe, les gonades d'embryons mutants sont incapables de se développer dans les testicules ou les ovaires. L'embryon reste ainsi « coincé » dans un état totalement indifférencié pendant plusieurs jours.
Les troubles du développement sexuel chez l'homme, avec une incidence d'environ 1 nouveau-né /3.000 naissances restent très souvent inexpliqués. Ces résultats sur l'importance des IGF permettent de mieux comprendre les mécanismes de base du développement sexuel et apportent une première explication des cas d'ambiguïté sexuelle. Un premier pas, donc, vers l'amélioration du diagnostic clinique des troubles du développement sexuel.
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