DOULEUR CHRONIQUE : Combiner la thérapie cognitivo-comportementale aux antalgiques
Face à la crise des opioïdes, cette équipe soutient l’efficacité des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) comportant à la fois la pratique du yoga et une éducation thérapeutique, pour améliorer la gestion de la douleur chez des patients déjà sous traitement antalgique à long terme, ici par opioïdes. Si l’étude, publiée dans les Annals of Internal Medicine, n’identifie pas de réduction de l’usage des opioïdes chez les patients qui suivent en plus une TCC, elle rappelle tout l’intérêt de ces thérapies non médicamenteuses, en particulier en cas de douleur chronique sévère et appelle à mener des études plus vastes sur de plus longues durées.
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On sait que l’utilisation à long terme des opioïdes peut induire des effets indésirables sévères sur la santé -dont une dépendance-. Face à la crise des opioïdes de nombreuses équipes testent des approches alternatives, comme le cannabidiol (CBD), par exemple. Ici, la TCC n’apparaît pas comme une alternative, mais une thérapie complémentaire qui contribue à une réduction plus importante des niveaux de douleur.
La TCC, une aide significative, stable et durable
Cet essai contrôlé randomisé qui a comparé les résultats liés à la douleur chez des patients souffrant de douleur chronique, suivis en soins primaires, et recevant un traitement aux opioïdes à long terme avec ou sans TCC. L’analyse révèle que les patients ayant suivi une TCC dans le cadre de leur plan de traitement global, connaissent des réductions de la douleur perçues et autodéclarées. Cette réduction continue à progresser après une année de TCC.
L’équipe du Kaiser Permanente Washington Health Research Institute a réparti au hasard 850 patients adultes prenant un traitement opioïde à long terme pour la douleur chronique en 2 groupes :
- 417 ont reçu les soins habituels ;
- 433, ont suivi, en plus une thérapie cognitivo-comportementale, basée en partie sur une pratique du yoga.
Les participants ont été évalués chaque trimestre sur une année et ont auto-déclaré leurs niveaux de douleur et d’incapacité. L’analyse de ces données montre que :
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- les patients recevant une TCC bénéficient de réductions plus importantes la douleur et de l'incapacité liée à la douleur, par rapport au groupe « soins habituels » ;
- 1 patient sur 4 suivant une TCC signale une réduction de la douleur >30 % vs 1 participant sur 6 dans le groupe « soins habituels » ;
- une plus grande réduction de l'utilisation des benzodiazépines est également observée chez les participants du groupe TCC ;
- aucun impact sur l'utilisation des opioïdes n’est observé, « malheureusement » dans les 2 groupes.
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Des effets sur 12 mois au moins : si les effets de l'intervention sont modestes, ils sont cependant durables et stables au moins jusqu'au suivi final de 12 mois. Ce type d'intervention, souvent négligé, semble ainsi une option intéressante qui mérite d’être testée sur une plus longue durée, à la fois pour son efficacité mais aussi sur le plan l’observance des patients à plus long terme.