DROGUES en Europe: Un marché désormais hors de contrôle?
Marché très complexe, avec de plus en plus de drogues de synthèse, de mélanges, de groupes chimiques obscurs, de nouvelles substances sous forme de poudre ou de comprimés, l’Europe n’arrive plus à suivre. Ni sur le plan de l’analyse toxicologique de tous ces nouveaux produits, ni sur la surveillance et la prise en charge des effets sanitaires, ni, enfin sur la législation. Désormais les produits apparaissent comme interchangeables aux yeux du consommateur qui prend, en fonction de critères, comme la disponibilité ou le prix. De surcroît, si les « vieilles » substances, cocaïne et héroïne amorcent un déclin, l’Europe devient l’un des principaux producteurs et consommateurs de cannabis…
La méthamphétamine gagne du terrain, les cathinones aussi. Ainsi, le rapport fait état, pour la meth, d'une production en hausse et d'un triplement du nombre des saisies et d'une pénétration dans de nouveaux pays du nord de l'Europe, où elle remplace en partie l'amphétamine. La meth a aussi ses variantes émergentes et dangereuses, la 4-MA, un nouvel amphétaminique responsable déjà d'une série de décès, non encore contrôlé par les autorités européennes. L'ecstasy « fait son retour » et 2 millions d'Européens en ont consommé cette année. Problème, lié à l'émergence de toutes ces nouvelles substances, les mélanges et les « molécules » cachées (mCOO, BZP et méphédrone).
En revanche, la cocaïne est en déclin, avec d'ailleurs des saisies en baisse de 20% en 2 ans, mais reste encore consommée par 4 millions d'usagers européens au cours des 12 derniers mois. Mais, précise le rapport, ses consommateurs semblent plus conscients des effets néfastes associés à l'usage de cocaïne.
La consommation d'héroïne est également en déclin, avec moins de nouveaux consommateurs et une offre en diminution.
Ce qui n'est pas le cas des nouvelles substances émergentes : Préoccupations également avec les euphorisants légaux, dits naturels dont le kratom, la salvia et les champignons hallucinogènes ou de synthèse, principalement vendus en ligne. Enfin, les « vieilles - nouvelles» drogues s'avèrent toujours et maintenant bien implantées, il s'agit du GHB, du GBL, de la kétamine et de la méphédrone.
Le cannabis, une préoccupation majeure : L'Europe est en effet devenue un producteur majeur, les consommations intensives s'intensifient, les saisies d'herbe de cannabis augmentent (régulièrement depuis 2005). 23 millions d'Européens ont consommé du cannabis dans l'année. Parmi les 9 pays affichant une augmentation significative, la France, avec une des plus fortes augmentations relevées, la Lettonie, la Hongrie et la Pologne. 3 millions d'Européens âgés de 15 à 64 ans sont des consommateurs quotidiens. Enfin, près de 25 % des usagers débutant un traitement déclarent que
le cannabis est la drogue leur posant le plus de problèmes.
La drogue, un produit comme un autre et «interchangeable», aux yeux du consommateur, indique l'OEDT. Disponibilité, prix et pureté influencent les choix du consommateur et expliquent la volatilité d'un marché dont les clients ignorent souvent ce qu'ils achètent et les risques encourus. Un marché qui se « renouvelle » de plus en plus vite, comme pour échapper à la surveillance et « égarer » l'usager. Au-delà des cathinones de synthèse, comme la méphédrone et le MDPV ou encore le «Spice», plus de 50 nouvelles drogues de synthèse ont été détectées en 2012, des substances variées et parfois obscures. C'est une nouvelle drogue environ chaque semaine et le plus grand nombre de substances jamais identifiées en une année, précise le rapport.
Une urgence donc, mieux comprendre et surveiller un marché européen qui devient extrêmement complexe et mieux cerner les conséquences sanitaires et sociales de ces substances émergentes. Cela signifie améliorer la qualité des analyses médico-légales et toxicologiques et mieux collaborer avec les personnes les plus vulnérables. Car la vitesse à laquelle de nouvelles substances psychoactives apparaissent dépasse les procédures législatives nationales antidrogues. La Commission européenne, avec le soutien de ses États membres, de l'OEDT, d'Europol et de l'Agence européenne des médicaments (EMA) s'est néanmoins attelée à l'élaboration d'une nouvelle législation.
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