DROGUES: Le rapport de la “Global Commission” dénonce 40 années d'échec
“Briser le tabou sur le débat et la réforme”, ou encore passer de politiques motivées par l'idéologie à des stratégies de responsabilité financière, basées sur des données (preuves) scientifiques fondées sur les droits de l'homme et la sécurité, ce rapport de la Global Commission on Drug Policy ne mâche pas ses mots. Il rappelle et justifie l’échec de 40 années de guerre contre les drogues avec des conséquences dévastatrices pour les individus et les sociétés partout dans le monde. Ce rapport appelle, de toute urgence à un changement radical de politique. Une démarche soutenue par d’éminentes personnalités telles que Kofi Annan,Carlos Fuentes ou encore Richard Branson.
La Commission mondiale sur la Drug Policy s'appuie sur l'expérience de la Commission latino-américaine sur les drogues, sur l'expérience sur le sujet des présidents Cardoso du Brésil, Gaviria de Colombie et Ernesto Zedillo, du Mexique et l'expertise de personnalités telles que Kofi Annan, ex-Secrétaire gééral de l'ONU. Persuadé que l'association entre le commerce de drogues, la violence et la corruption est une menace pour la démocratie, la Commission a examiné les politiques de lutte contre la drogue. Son constat est
50 années après l'ouverture de la Convention unique de l'ONU sur les stupéfiants, 40 ans après le lancement par le Président Nixon de “la guerre à la drogue”, des réformes fondamentales dans les politiques nationales et mondiales des drogues sont nécessaires de toute urgence, au vu de l'augmentation et de l'offre et de la consommation. Au delà, les politiques de répression réduisent à néant les mesures de santé publique de réduction des infections au VIH.
Le rapport présente des recommandations, dont:
· Mettre fin à la criminalisation, la marginalisation et la stigmatisation des usagers de drogues qui ne nuisent pas aux autres.
· Encourager l'expérimentation par les gouvernements de nouveaux modèles juridiques pour les drogues, en particulier le cannabis, pour saper la puissance du crime organisé et préserver la sécurité des citoyens.
· S'assurer des accès aux traitements dont à la méthadone et la buprénorphine, mais aussi aux programmes de sevrage pour l'héroïne qui ont fait leurs preuves dans de nombreux pays européens et au Canada.
· Appliquer les droits de l'homme et des principes de réduction des peines pour les usagers de drogues ainsi que pour certains petits intermédiaires.
Il s'agit globalement de mettre fin à la criminalisation, à la marginalisation et à la stigmatisation des usagers de drogues et encourager les gouvernements à expérimenter de nouvelles lois qui s'appliquent prioritairement aux réseaux de trafic organisés plutôt qu'aux usagers ou aux petits revendeurs. Le rapport souligne que beaucoup de petits intermédiaires sont eux-mêmes victimes de violence et d'intimidation ou sont toxicomanes. L'arrestation et l'incarcération de millions de personnes, usagers ou petits revendeurs, dans les dernières décennies a rempli les prisons, détruit des vies et des familles sans pour autant réduire la disponibilité des drogues illicites ou le pouvoir des organisations criminelles. Il faut arrêter les messages simplistes du type «juste dire non» ou «tolérance zéro» en faveur d'efforts d'éducation et de programmes de prévention.
Font partie des mesures applelées l'accès aux seringues et les autres mesures de réduction des risques (comme les salles de consommation surveillées par exemple) qui se sont avérées efficaces pour réduire la transmission du VIH et autres infections transmissibles.
Investir dans des activités qui peuvent empêcher les jeunes gens d'aller vers les drogues à partir d'un raisonnement économique de long terme. Il s'agit de remplacer les politiques motivées par l'idéologie et les convenances politiques par des stratégies de responsabilité financière, basées sur des données (preuves) scientifiques fondées sur les droits de l'homme et la sécurité.
Global Commission on Drug Policy, Global Commission on Drug Policy Report
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