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DYSFONCTION THYROÏDIENNE : Quel dépistage chez les adultes sans symptômes ?

Actualité publiée il y a 5 années 3 jours 16 heures
CMAJ (Canadian Medical Association Journal)
La dysfonction thyroïdienne est diagnostiquée sur la base de taux anormaux d'hormone thyréostimulante ou thyréostimuline (TSH : thyroid stimulating hormone) et de thyroxine libre (T4L).

Le Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs (The Canadian Task Force on Preventive Health Care) recommande fortement de ne pas dépister le dysfonctionnement de la thyroïde chez les adultes asymptomatiques (hors grossesse en cours). Ce dépistage n’est pas susceptible de conférer un bénéfice clinique, mais pourrait conduire au surtraitement de certains patients et à une consommation excessive de ressources de santé, écrivent ces experts dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ). Le Groupe d'experts, qui adresse ses recommandations aux médecins, écrit : « Si vous êtes un clinicien qui ordonne des tests de TSH dans le cadre de visites préventives, nous vous invitons à reconsidérer cette pratique ».

 

La dysfonction thyroïdienne est diagnostiquée sur la base de taux anormaux d'hormone thyréostimulante ou thyréostimuline (TSH : thyroid stimulating hormone) et de thyroxine libre (T4L).  Elle peut être caractérisée soit par une hypo, soit par une hyperthyroïdie.

  • L’hypothyroïdie résulte d’une altération de la production d’hormones thyroïdiennes (à savoir, la thyroxine [T4] ou la triiodothyronine [T3]), ce qui conduit à des taux élevés de TSH. L'hypothyroïdie est souvent causée par des troubles auto-immunes ou est une séquelle du traitement de l'hyperthyroïdie, ce qui peut rendre la glande thyroïde dysfonctionnelle ;
  • L'hyperthyroïdie résulte d'une surproduction d'hormone thyroïdienne, entraînant la suppression de TSH. Les causes l'hyperthyroïdie comprend la maladie de Graves, le goitre multinodulaire toxique et l'adénome toxique.

De nombreuses personnes présentant un dysfonctionnement de la thyroïde sont asymptomatiques.

Les signes et symptômes de dysfonctionnement thyroïdien sont variables selon les patients et souvent non spécifiques.

  • Pour l'hypothyroïdie, les symptômes peuvent inclure la fatigue, une sensibilité au froid, une peau sèche, la perte de cheveux, la prise de poids, un ralentissement cognitif et moteur ;
  • Pour l'hyperthyroïdie, les symptômes peuvent inclure une tachycardie sinusale, une fibrillation auriculaire, une hyperactivité ou une irritabilité, une intolérance à la chaleur, des tremblements et une perte de poids.

 

 

Quels risques en cas d’absence de traitement :

  • L'hypothyroïdie non traitée peut augmenter le risque de dysfonctionnement cardiaque, d'hypertension, de dyslipidémie, de troubles cognitifs et, dans de rares cas, un myxœdème (infiltration cutanée).
  • L'hyperthyroïdie non traitée peut augmenter le risque de maladies cardiaques (fibrillation auriculaire, insuffisance cardiaque) ou de fractures osseuses pouvant conduire à une « tempête thyroïdienne », une maladie rare et mortelle associée à une tachycardie, une fatigue extrême, de la fièvre et des nausées.

 

 

Dans de nombreux cas, les taux reviennent « d’eux-mêmes » à la normale : la fonction thyroïdienne peut accuser de légères variations mesurées par des taux anormaux de TSH, qui se résolvent d’elles-mêmes, dans la plupart des cas. Le groupe d’experts cite des études observationnelles menées sur des durées de suivi allant de 32 à 60 mois, montrant que des taux de TSH anormaux reviennent à la normale sans traitement chez 37% à 62% des patients présentant des taux initialement élevés et chez 51% des patients présentant des taux initialement faibles.

 

Le dépistage, par simple test sanguin de la TSH, vise à détecter le dysfonctionnement de la thyroïde chez les patients asymptomatiques afin de prévenir les conséquences néfastes d'un dysfonctionnement de la thyroïde non traité. Des niveaux anormaux de TSH sont suivis par des tests de diagnostic supplémentaires, qui incluent souvent des tests sanguins pour mesurer les niveaux d'hormones thyroïdiennes ou d'autres tests (par exemple, une échographie) selon les besoins. Ici, l’analyse menée au Canada, estime que 10% des Canadiens âgés de 45 ans et plus ont reçu un diagnostic de dysfonctionnement de la thyroïde. La prévalence est également plus élevée chez les adultes âgés de plus de 85 ans (16%), cependant les preuves suggèrent que les concentrations de TSH augmentent avec l’âge même en l’absence de dysfonctionnement thyroïdien évident.

 

Les traitements : Les thérapies de substitution de l’hormone thyroïdienne sont utilisées pour traiter l’hypothyroïdie tandis que les traitements de l’hyperthyroïdie comprennent les antithyroïdiens, la chirurgie de la glande thyroïde et la prise de pilules d'iode radioactif dans les mois qui suivent la chirurgie.

 

Quelle recommandation ? Pour faire cette recommandation, le groupe de travail a mené un examen systématique de la littérature et analysé les preuves de 22 études sur l'efficacité du traitement des résultats anormaux de la TSH chez l'adulte asymptomatique, sur les avantages et les inconvénients du dépistage du dysfonctionnement thyroïdien asymptomatique, ainsi que sur les préférences du patient. Les experts n‘identifient aucune preuve des avantages du dépistage et du traitement chez des personnes sans symptômes. Les inconvénients des tests inutiles comprennent la nécessité de prendre des médicaments inutilement, d’avoir à effectuer des visites médicales et des tests sanguins réguliers de suivi pour vérifier les niveaux de TSH.

Le Groupe conclut que si les médecins doivent rester vigilants aux signes et symptômes évocateurs d'un dysfonctionnement de la thyroïde et mener régulièrement leur évaluation, en l’absence de symptômes, ils doivent en rester au stade de cette surveillance régulière.

En France, rappelons que la HAS recommande en cas d’hypothyroïdie « frustre » d’évaluer l’opportunité d’un dépistage et l’utilité et les indications d’un traitement mais précise aussi que ce dépistage « engendre de nombreuses prescriptions biologiques et thérapeutiques, sans justification clairement établie ».

 

Ces recommandations s’adressent aux médecins (canadiens) : les auteurs écrivent, précisément : « Si vous êtes un clinicien qui ordonne des tests de TSH dans le cadre de visites préventives, nous vous invitons à reconsidérer cette pratique. Les preuves disponibles ne suggèrent aucun avantage pour la santé de ce type de dépistage dans le cadre des soins de routine ».

 

 «Les patients exceptionnellement fatigués, sensibles au froid ou à la chaleur, ou présentant une perte de cheveux, des irrégularités du rythme cardiaque, une perte ou un gain de poids inattendu devraient consulter. Ces recommandations ne s'appliquent pas aux personnes présentant des symptômes pouvant indiquer une glande thyroïde trop ou moins active, ou présentant des facteurs de risque connus de maladie thyroïdienne, telles qu'un antécédent de radiothérapie de la tête ou du cou, l'exposition à certains médicaments et une histoire de maladies hypophysaires ou hypothalamiques ».


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