DYSFONCTIONS SEXUELLES FÉMININES: Un spray nasal pour retrouver le plaisir?
Un «Viagra féminin» à base de testostérone à inhaler 2 heures avant le rapport sexuel, en cours d’essai de phase II, remet la question des dysfonctions sexuelles féminines au même niveau que celle de l’impuissance, chez les hommes. Diminution du désir sexuel, dyspareunie ou difficulté à atteindre l'orgasme (anorgasmie), les femmes ont aussi leurs troubles sexuels et devraient pouvoir en parler.
Si la prochaine édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), édité par l'Association Américaine de Psychiatrie (AAP) va consacrer deux chapitres à part entière aux Dysfonctions sexuelles spécifiquement féminines, alors que les traitements des troubles sexuels masculins ont connu une avancée majeure, notamment avec « l'arrivée » du Viagra, contre l'impuissance, commercialisé en France depuis octobre 1998, la recherche sur les traitements de la dysfonction sexuelle féminine semble moins active et moins fructueuse.
Pourtant, les femmes ne sont pas épargnées :
- La dysfonction sexuelle féminine a pourtant bien été cliniquement définie. Le DSM V redéfinit ainsi la perte de libido et l'incapacité à atteindre l'orgasme ou anorgasmie (1). Cette dernière dysfonction est redéfinie comme la présence pendant une durée minimale de 6 mois environ, et expérimenté sur 75% de l'activité sexuelle, d'au moins un des deux symptômes suivants, une difficulté, une rareté ou absence d'atteinte de l'orgasme ou encore une intensité nettement réduite de la sensation orgasmique, ces symptômes pouvant entraîner une souffrance cliniquement significative.
- Sa prévalence a été estimée : Une étude publiée dans le JAMA (2) portant sur 1.700 femmes âgées de 18 à 59 ans, conclut à une prévalence de 43% des dysfonctions sexuelles. 32% des femmes n'auraient plus d'intérêt pour le sexe et 26% des difficultés à atteindre l'orgasme. Une autre étude présentée en 2010 à la réunion annuelle du Collège américain des obstétriciens et gynécologues (ACOG) suggérait que jusqu'à une femme sur 10 souffre de baisse de désir sexuel.
- Aucun traitement pharmacologique n'a pourtant encore été approuvé pour le traitement de la dysfonction sexuelle féminine, même si certaines tentatives de développement ont été menées. Ainsi, si le laboratoire Boehringer continue à croire lui-aussi en un « Viagra » pour les femmes, il abandonnait en 2010 et en phase III, le développement de son médicament expérimental (flibansérine) pour le traitement de la baisse de désir sexuel chez les femmes.
Bientôt un « Viagra » féminin ? L'interview du Professeur Davis de la Monash University, qui dirige actuellement l'essai Clinique de phase II de Tefina™ (4) pour le laboratoire Trimel Pharmaceuticals a fait grand bruit, car ce nouveau spray nasal à base de progestérone, à prendre 2 heures avant le rapport sexuel, promet d'être efficace durant 6 heures, et sur les deux conditions du plaisir féminin, la libido et la capacité orgasmique. Comme le rappelle Trimel (3), la diminution des taux sériques d'androgènes avec l'âge impacte l'humeur, la composition corporelle, la densité minérale osseuse mais a également des effets centraux et périphériques sur la fonction sexuelle. Les précédentes études chez les femmes présentant une dysfonction sexuelle féminine ont montré que la prise de testostérone pouvait entraîner une augmentation du désir sexuel, de l'excitation et du plaisir. La formulation de Tefina ™ présenté comme un traitement de l'anorgasmie en gel intranasal à faible dose de testostérone, a même été conçue pour être pratique, discrète et à effet prolongé.
Il n'empêche que si une sexualité épanouie est aujourd'hui largement reconnue comme un facteur de bonne santé physique et psychique et de longévité, les troubles sexuels féminins restent encore tabous et plus difficiles encore à aborder que la dysfonction érectile, en particulier avec un médecin.
Auteur: Arianne Callet-Euroclinix (Visuel@© hannamonika - Fotolia.com)
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