EBOLA: Un vaccin basé sur la souche 2014 passe la phase I
Les résultats positifs de cet essai de phase 1 du premier vaccin anti-Ebola basé sur la souche 2014 du virus ne doivent pas faire oublier le bilan de l’épidémie soit près de 25.000 cas et plus de 10.000 décès à ce jour. Mais ces premières données sont prometteuses à deux titres : Jusqu'à présent, tous les vaccins anti-Ebola testés étaient basés sur la souche du virus Zaïre (1976). Ici, le vaccin est basé sur la souche épidémique 2014 et son innocuité et son immunogénicité sont bien démontrées. Son efficacité et sa persistance restent à démontrer, par des essais de phase II à mener dans les régions touchées par l’épidémie.
Ainsi, le dernier bilan (Agence européenne ECDC) fait état, au 17 mars, dans les pays les plus touchés de, · 3.409 cas et 2.231 décès en Guinée, · 9.555 cas et 4.283 décès au Libéria · 11.779 cas et 3.702 décès en Sierra Leone. Si le virus est désormais « officiellement » éradiqué au Mali, Nigeria, Sénégal, Espagne, États-Unis et au Royaume-Uni, la Guinée et la Sierra Leone ont signalé de nouveaux cas confirmés cette dernière semaine, dont plus de 100 décès dont la moitié identifiée post-mortem. La transmission reste donc active, dans ces régions, renforcée par les mouvements importants de population. Au total, depuis le début de l'épidémie, 852 professionnels de santé ont été touchés, dont 492 décédés (dont 11 durant la dernière semaine).
On comprend donc l'importance de ces résultats de phase 1 qui suggèrent que le nouveau vaccin est sûr, et entraine bien une réponse immunitaire. Le professeur Fengcai Zhu et son équipe du Centre du Jiangsu pour la prévention et contrôle des maladies en Chine a testé l'innocuité et l'immunogénicité de ce candidat vaccin, basé sur la souche Ebola Zaïre Guinée 2014 sur 120 adultes chinois en bonne santé randomisés soit pour recevoir une dose faible ou forte du vaccin, soit un placebo.
· 28 jours après la vaccination, 38 des 40 participants du groupe « faible dose » et tous les participants (n=40) du groupe « dose élevée » ont présenté une réponse immunitaire positive au vaccin,
· les participants du groupe « dose élevée » ont montré des niveaux plus élevés d'anticorps.
· on ignore encore si le niveau de la réponse immunitaire observée pourrait protéger contre le virus Ebola (ce n'est pas l'objet d'une phase I),
· cependant, la dose élevée entraine un taux de réponse de 100%, quelle que soit l'immunité pré-existante des participants et sans effets indésirables supplémentaires.
· Enfin, aucun événement indésirable grave n'a été enregistré durant les 28 jours de suivi.
Un (ou plusieurs) essai de phase II devra donc encore évaluer l'efficacité du vaccin et devra vérifier que ce type de vaccin n'augmente pas le risque d'infection à VIH, comme cela a pu être suggéré et que sa protection est durable (ici, la réponse immunitaire n'ayant été évaluée qu'à 28 jours). Selon les auteurs, le candidat présente « un certain potentiel », une bonne stabilité, est facile à stocker ou transporter même hors chaîne du froid.
Un commentaire * d'un expert du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID/NIH) rend hommage à la rapidité des plates-formes de vaccins existants à intégrer un nouveau virus, ce qui est nécessaire en situation de crise. Cependant, il confirme que l'efficacité ne pourra être validée que par des essais de phase II menés dans les régions touchées par l'épidémie.
Source: The Lancet 24 March 2015 10.1016/S0140-6736(15)60553-0 Safety and immunogenicity of a novel recombinant adenovirus type-5 vector-based Ebola vaccine in healthy adults in China: preliminary report of a randomised, double-blind, placebo-controlled, phase 1 trial
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