ECSTASY : Pas de trouble cognitif, pas de déficience mentale ? mais d'autres dangers…
L’ecstasy aurait été utilisée par 12 millions de personnes dans les seuls États-Unis et par des millions de personnes à travers le monde. Si des recherches antérieures ont suggéré que les usagers d'ecstasy ont de moins bons résultats que les non usagers, aux tests de capacité mentale, cette nouvelle étude, financée par le National Institute on Drug Abuse (NIDA) et publiée dans l’édition du 14 février de la revue scientifique spécialisée, Addiction, montre que les usagers d'ecstasy ne montrent aucun signe de déficience cognitive attribuable à sa consommation. En deux mots, l’ecstasy n'a pas diminué leur capacité mentale. Ce qui ne signifie pas pour autant que l’ecstasy est sans danger pour la santé.
Cette équipe de chercheurs a mené l'une des plus importantes études jamais réalisées pour réexaminer les effets cognitifs de l'ecstasy, financée par une subvention de 1,8 millions de dollars du National Institute on Drug Abuse (NIDA) et conçue pour minimiser au maximum, les limites méthodologiques des études antérieures.
L'auteur principal, John Halpern est prompt à souligner que son équipe de recherche n'est pas la première à identifier les limitations dans les études antérieures menées sur les usagers d'ecstasy. " Lorsque le NIDA a décidé de financer ce projet, nous avons trouvé une occasion de concevoir une meilleure méthodologie pour faire progresser notre connaissance sur cette drogue."
Les chercheurs ont évité 4 biais, présents dans les études antérieures sur l'ecstasy.
· Les non-usagers (témoins des études) étaient membres de la « rave culture », et donc exposés de manière répétitive à la privation de sommeil, un facteur reconnu de troubles cognitifs. Les résultats ont été redressés en conséquence,
· les participants ont été testés « clean » pour l'usage de drogues et d'alcool le jour même des tests cognitifs,
· les participants étaient des consommateurs d'ecstasy qui n'ont pas l'habitude d'utiliser d'autres médicaments qui pourraient eux-mêmes contribuer à une déficience cognitive,
· enfin, les résultats ont été redressés en fonction d'éventuels facteurs de troubles cognitifs, avant le début de leur consommation d'ecstasy.
L'étude a recruté 1.500 participants potentiels, sélectionné 52 usagers d'ecstasy, dont la fonction cognitive a été comparée à 59 non-utilisateurs (soigneusement appariés aux usagers), avec toute une batterie de tests de capacité mentale. Les 52 usagers ne montrent aucun signe de trouble cognitif ou de déficience mentale.
Attention, l'ecstasy n'est pas pour autant sans danger : Le chercheur principal, rappelle, à plusieurs reprises, que même si son étude n'a pas identifié de risques concernant les performances cognitives, la consommation d'ecstasy est dangereuse pour la santé, en regard de composés nocifs, de l'absence d'étiquettes d'avertissement et de surveillance médicale. Il ne faut donc pas conclure que la consommation d'ecstasy est «sans risque».