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ÉMOTION: La solitude isolée à son tour dans le cerveau

Actualité publiée il y a 8 années 9 mois 4 jours
Cell

La solitude, un sentiment qui peut avoir de graves répercussions sur la santé physique comme psychologique, vient de trouver sa zone précise dans notre cerveau, avec cette étude du MIT (Massachusetts Institute of Technology). Un amas cellulaire ou de neurones spécialisés « qui s’agitent » après l’isolement social. De nouvelles données passionnantes qui laissent espérer, qu’un jour, on saura "traiter" ce sentiment de solitude.

Les humains ont un besoin fondamental de contact avec les autres et cet instinct profondément enraciné participe à leur survie, rappellent les auteurs du MIT dans leur communiqué. Parce qu'il est plus facile de survivre en groupe que tout seul, y compris dans nos sociétés modernes. Privé de contact humain, l'Homme éprouve la solitude jusqu'à la détresse émotionnelle et la dépression. La solitude entraine aussi sa réponse biologique néfaste qui affecte le système immunitaire et « débouche » sur un risque accru de maladies et de décès.


Identifier la zone du cerveau qui abrite ce sentiment de solitude marque donc une étape importante dans la compréhension de cette émotion et l'espoir de pouvoir un jour la traiter pour l'apaiser. Il s'agit précisément d'un amas de cellules, situé près de l'arrière du cerveau dans une zone appelée le noyau dorsal du raphé, impliqué -logiquement- dans la sociabilité. Cet amas cellulaire se développe normalement après une période d'isolement social, montrent ici les chercheurs sur la souris.

Un substrat cellulaire de la solitude : c'est la première fois qu'est associé l'état de solitude à un substrat cellulaire : l'équipe a identifié ces neurones de la solitude un peu par hasard, alors qu'elle travaillait sur les effets des médicaments sur le cerveau, en particulier sur les neurones dopaminergiques. Cette étude l'a conduite à explorer la zone du noyau dorsal du raphé, une région du cerveau qui n'avait pas encore été beaucoup étudiée.

L'expérience : chaque souris a été isolée pendant 24 heures et les chercheurs ont constaté, chez les souris n'ayant pas reçu de médicament, un renforcement des connexions dans le noyau dorsal du raphé après cette période d'isolement.

· D'autres études ont ensuite démontré que ces neurones répondaient à bien à l'état d'isolement. Lorsque les souris sont ensemble, ces neurones ne sont pas très actifs. Cependant, en cas d'isolement, ces neurones s'hyper-activent. Et, remises dans un contexte de sociabilité, ces souris deviennent beaucoup plus conviviales encore.

· Lorsque les chercheurs suppriment, par optogénétique, ces neurones du noyau dorsal du raphé, ils constatent que les souris isolées ne vivent plus ce rebond de sociabilité une fois remises « en société » après une période d'isolement.

· Enfin, l'équipe constate que les animaux ayant un rang plus élevé dans la hiérarchie sociale sont également plus sensibles aux variations de l'activité de ces neurones, ce qui suggère qu'ils peuvent être plus sensibles au sentiment de solitude qui suit l'isolement.

Un phénomène constaté à l'identique chez les humains : « Quand les gens sont isolés pendant une longue période, puis réunis avec leur entourage, ils sont très heureux, il y a une forte augmentation de l'interaction sociale. Nous pensons que cette adaptation et ce trait évolutif est ici modélisé chez la souris, et que ces neurones jouent bien un rôle dans cette augmentation de la sociabilité. De même, si un être humain joue un rôle social dominant, il est probable qu'il apprécie plus et ai plus fortement besoin de son environnement social. Une personne à situation sociale plus « subordonnée », et qui doit lutter chaque jour, se sent déjà socialement exclue ».

Ces neurones détectent ou répondent-ils à la solitude ? C'est ce qu'explorent actuellement les chercheurs qui regardent si cet amas cellulaire fait finalement partie d'un réseau plus important du cerveau impliqué dans l'isolement social. L'objectif est aussi ici de mieux comprendre si certaines différences dans ces neurones peuvent expliquer pourquoi certaines personnes vont aimer plus que d'autres le contact social. Dans l'attente de ces prochains travaux, ces premières données désignent une cible prometteuse, à long terme certes, de nouvelle thérapie contre la solitude et ses effets délétères sur la santé.


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