ENFANCE: Intimidation et victimisation font le lit de la dépression
L’intimidation par un grand frère peut déboucher sur une dépression à l’âge adulte, alerte à nouveau cette étude britannique qui a suivi plus de 3.000 enfants de la naissance à l'âge adulte. Ses conclusions, présentées dans la revue Pediatrics, qui révèlent aussi que ce type d’intimidation est souvent lié à un contexte violence domestique, appellent à des interventions ciblées sur les familles à risque.
Car cette analyse de chercheurs de l'Université d'Oxford et d'autres universités britannique conclut que subir l'intimidation à l'âge de 12 ans non seulement double le risque de symptômes dépressifs à 18 ans, mais celui d'être confronté à la maltraitance et à la violence domestique.
Les chercheurs ont analysé les données d'enfants de 14.541 femmes participant à l'étude longitudinale Avon. L'intimidation, par la fratrie, était déclarée le cas échéant, à l'âge de 12 ans, les enfants étaient évalués pour les symptômes de dépression et d'anxiété à l'âge de 18 ans.
Les chercheurs ont pris en compte d'autres facteurs de confusion possibles, de symptômes dépressifs.
Au final, l'analyse qui a porté sur 3.452 jeunes participants livre des résultats étonnants :
- 52,4% déclarent ne jamais avoir été intimidé par un frère,
- 11,4% avoir été victimes d'intimidation plusieurs fois par semaine
- 36,1% avoir été victimes d'intimidation, moins fréquemment.
L'intimidation consiste en :
- La mise en cause de la victime, par son nom : 23,1%
- Une raillerie : 15,4%
- Une intimidation physique : 12,7%.
Les victimes sont plutôt,
- des filles
- qui ont un frère aîné
- de familles nombreuses
- de classe socio-économique inférieure
- ayant une mère ayant souffert de dépression pendant sa grossesse
- avec troubles émotionnels et comportementaux dès l'âge de sept ans
Les conséquences sont là :
- 12,3% des enfants victimes d'intimidation présentent des symptômes de dépression vs 6,4% des non-victimes
- 16,0% souffrent de troubles anxieux vs 9,3%
- 14,1% se sont fait du mal (dont automutilation) dans l'année précédente vs 7,6%
- Après prise en compte des facteurs de confusion, subir régulièrement l'intimidation de la part d'un de ses frères est associé à un risque accru de 85% de dépression clinique et double le risque d'automutilation.
Le message s'adresse donc tout autant aux pédiatres et professionnels de l'enfance, aux travailleurs sociaux et aux parents. L'intimidation au sein de la fratrie lorsqu'elle est régulière peut contribuer au développement de troubles de la santé mentale de l'enfant.
Source: Pediatrics September 8 2014 DOI: 10.1542/peds.2014-0832 Sibling Bullying and Risk of Depression, Anxiety, and Self-Harm: A Prospective Cohort Study (Visuel © pink candy - Fotolia.com)
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