ÉPILEPSIE infantile: Le cercle vicieux du co-sleeping
Les chercheurs du Massachusetts General Hospital à Boston mettent en exergue un effet laissé pour compte de l’épilepsie pédiatrique, son impact significatif sur les habitudes de sommeil de l'enfant et de ses parents. A fortiori, lorsque les parents, légitimement inquiets, décident de partager la chambre avec leur enfant. Dans cette étude publiée dans l’édition du 17 mai d’Epilepsia, la revue de la Ligue Internationale Contre l'Epilepsie (LICE), les chercheurs contre-indiquent le co-sleeping, un réflexe qui reste fréquent chez ces parents, mais qui obère la capacité réparatrice du sommeil pour les parents, comme pour l’enfant.
Plus d'1% des enfants (aux Etats-Unis) reçoivent un diagnostic d'épilepsie et subissent des crises récurrentes. Alors que des études ont déjà montré l'influence du sommeil sur la fréquence et la sévérité des crises, dans de nombreuses familles touchées par l'épilepsie infantile, les parents choisissent néanmoins de faire dormir leur enfant dans la même chambre. Pourtant, suggère à nouveau cette étude, si les crises peuvent perturber le cycle du sommeil, la privation de sommeil peut à son tour déclencher des crises.
Impact de l'épilepsie sur la qualité du sommeil des parents et de l'enfant : Le Dr Elizabeth Thiele et ses collègues ont étudié l'impact de l'épilepsie pédiatrique sur la qualité du sommeil des parents et de l'enfant, et précisément cet aspect du couchage auprès de 105 ménages avec un enfant épileptique âgé de 2 à 10 ans et 79 ménages témoins avec enfant non épileptique du même âge. Les parents ont été interrogés pour évaluer les antécédents de crises, la qualité du sommeil parent-enfant, et le contexte « de couchage » de la famille. Chez les enfants épileptiques de l'étude, les premières crises avaient fait leur apparition aux âges de 2-3 ans, et 41% des petits patients avaient subi des crises durant leur première année de vie. Chez ces petits patients, 64% avaient eu au moins une crise dans le mois précédent et 37% avaient des crises quotidiennes. 91% prenaient au moins un antiépileptique.
Le cercle vicieux du co-sleeping : Les chercheurs constatent que,
· que les ménages ayant un enfant souffrant d'épilepsie ont des taux de partage de la chambre (parents-enfant) plus élevés.
· 64% des parents qui pratiquaient le co-sleeping le commencent après l'apparition des crises de leur enfant,
· près de 66% ne l'avaient jamais pratiqué avec ses éventuels frères et sœurs.
· Une baisse de la qualité du sommeil est signalée dans 62% des cas.
· les enfants atteints d'épilepsie montrent une perturbation fréquente du sommeil, avec éveil pendant la nuit, somnolence diurne et résistance au coucher.
· les parents d'enfants atteints d'épilepsie sont fréquemment touchés de troubles du sommeil et d'une plus grande fatigue.
· 69% des parents se déclarent anxieux à cause des crises nocturnes
· 44% des parents se déclarent «rarement» ou «jamais» reposés.
En conclusion, les résultats convergent vers une association significative entre les crises nocturnes et les troubles de sommeil des parents, accrue en cas de co-sleeping et toujours dans ce cas, à des troubles de sommeil accrus chez les enfants épileptiques. Recommandations des auteurs, l'enfant devrait pouvoir dormir seul dans sa chambre avec le recours, si besoin aux technologies de surveillance nocturne.
Source: Epilepsia May 17, 2012 DOI:10.1111/j.1528-1167.2012.03515.x “Impact of Pediatric Epilepsy on Sleep Patterns and Behaviors in Children and Parents.” (visuel © Igor Sokolov - Fotolia.com)
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