EXERCICE PRO : Comment gérer les demandes médicales des parents et des amis ?
Les médecins reçoivent régulièrement des demandes médicales de proches, parents ou amis, qui ne sont pas « normalement » leurs patients (non-patients). Cette étude qualitative d’une équipe de l’Université de Maastricht explore les expériences et les attitudes des médecins confrontés à ces demandes et apporte un aperçu de la complexité de la situation à laquelle ils sont alors confrontés. Les conclusions présentées dans les Annals of Family Medicine peuvent contribuer à aider les médecins débutants ou même les plus expérimentés à développer leur propre stratégie face à ces demandes de la part de la famille ou des amis.
En France, un médecin peut soigner ses proches. C’est notamment possible lorsque que le médecin en question pourrait être désigné comme médecin traitant et fait donc partie des catégories de médecins énumérées par l’article L 162-5-3 du code de la Sécurité Sociale ayant vocation à être désignés comme médecin traitant. Et cela n’implique pas que le proche le désigne obligatoirement comme son médecin traitant. Ainsi, les médecins reçoivent régulièrement des demandes médicales de proches qui ne sont pas leurs patients habituels et, dans la majorité des cas, sont en droit de les soigner.
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Une pratique courante : fournir des conseils et des prescriptions aux membres de sa famille et aux amis est une pratique courante pour les médecins : ainsi, plus de 99%, autrement dit la totalité des médecins reçoivent ce type de demandes de conseils médicaux, de diagnostic ou de traitement. Ainsi, 85% des médecins ont effectué au moins une ordonnance pour un proche non-patient. Les médecins apportent des soins aux membres de leur famille pour des raisons de commodité, d’économies et parfois avec la conviction d'avoir plus de connaissances ou plus d’implication que leurs collègues. Cependant les médecins ont également le droit de dire non et de décider de ne pas intervenir dans les soins de parents ou d'amis, en raison d’un risque de manque d’objectivité, la crainte d’une erreur diagnostique ou de l'incapacité d’assurer la totalité de ces soins ou de les suivre à long terme. De plus, dans certains pays européens, les codes de déontologie ou de bonnes pratiques médicales recommandent aux médecins de ne pas traiter les membres de leur famille, sauf en cas d'affection mineure ou en situation d'urgence. Cependant, certains médecins confrontés à cette situation peuvent se sentir obligés de s'occuper d'un membre de la famille ou d'un ami.
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Comment les médecins gèrent-ils ces demandes ? Les demandes de la famille et des amis sont fréquentes et cependant il existe peu de données sur la façon dont les médecins gèrent ces demandes. Disposer de retours d’expériences peut être utile pour guider les médecins dans leur réponse à ces situations. L’étude explore ce phénomène dans un contexte de médecine familiale, les médecins de famille ou généralistes étant les plus susceptibles de recevoir ces demandes médicales. C’est donc une étude qualitative qui a menée, ici à travers les entretiens menés avec 7 groupes de discussion composés de médecins débutants et expérimentés. Les chercheurs ont ensuite « décortiqué » le cheminement « standard » de ces médecins sollicités par leurs proches non-patients.
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Un processus de réflexion global : ainsi, face à une demande médicale d'un « non-patient », les médecins se posent généralement une série de questions :
- sur le contexte de la demande : qui est cette personne, que me demande-t-elle et où cette demande intervient-elle ?
- sur la nature et la force de la relation entretenue avec le proche non-patient
- le degré de confiance du proche dans ses propres connaissances et compétences,
- quelles seraient les conséquences en cas d’erreur médicale de sa part,
- quel est le risque qu’il perturbe le processus médecin traitant habituel-patient.
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Les médecins plus débutants éprouvent plus de difficultés à traiter ces demandes, se montrent moins enclins à y répondre par la positive, par souci notamment de perturber la relation existante de ce proche avec son médecin habituel.
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La question de l’équilibre vie privée et exercice professionnel : bien que certains médecins participants déclarent se considérer comme médecins 24 heures sur 24, la plupart craignent aussi, avec certaines demandes de proches être alors engagés dans des soins continus, ce qui nuirait à leur vie privée. Si, e général, la plupart des répondants sont disposés à répondre à une demande urgente de soins médicaux, dans des situations moins urgentes ou chroniques, ils préfèrent ne pas répondre à la demande.
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L’étude, (à lire !) permet aux médecins confrontés à ces situations un premier retour d’expériences et un partage avec leurs collègues mais confirme aussi, avec sa méthodologie, l’intérêt de ces discussions de groupe qui peuvent aider les médecins élaborer leur propre stratégie face à de telles demandes.
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