FAUX MÉDICAMENTS: Plus rentable que le trafic de drogues
75 à 200 milliards de dollars, une progression de 20% à 90% selon les sources, un marché aujourd’hui plus important que la prostitution et le cannabis, pourraient définir en quelques points la contrefaçon de médicaments. Un bilan proposé par l’Institut de Recherche Anti-Contrefaçon de Médicaments (IRACM), au 25 septembre, met en lumière toute l’ampleur et la croissance de ce trafic, dans les pays développés come en développement, avec un nombre de victimes en augmentation et des organisations criminelles de plus en plus sophistiquées. L’IRACM, en dévoilant ces données et ces mécanismes, entend ainsi sensibiliser l’opinion publique et motiver les responsables politiques.
Aujourd'hui, les ventes de médicaments contrefaits, comprises entre 75 milliards de dollars (2010) soit une augmentation de 90% en 5 ans (Source : IMS) et 200 milliards de dollars (Source : World Economic Forum) représentent le premier secteur de trafics illicites. Selon l'OMS, · un médicament sur 3 serait contrefait dans certains pays africains, asiatiques ou d'Amérique latine, · un médicament sur 5 serait contrefait dans les anciennes républiques soviétiques. La contrefaçon d'un « blockbuster » (médicament générant un chiffre d'affaires de plus d'un milliard de dollars pour le laboratoire) peut générer un bénéfice de l'ordre de 500.000 dollars pour un investissement initial de 1 000 dollars (Source : IFPMA). Ainsi, la contrefaçon de médicaments s'avère de 10 à 25 fois plus rentable que le trafic de drogues.
La dangerosité de contrefaçon a déjà été documentée, à défaut d'entraîner la mort, un médicament contrefait qu'il soit surdosé, sous-dosé ou sans principe actif ne soigne pas. Donc, dans le meilleur des cas un faux médicament ne soigne pas, peut entraîner des pharmaco-résistances d'où un échec thérapeuthique, et au pire il tue. L'OMS a référencé un certain nombre d'accidents, comme, en 2006, plus de cent enfants victimes d'un faux sirop contre la toux. Ainsi les prises douanières de faux médicaments ont quadruplé entre 2005 et 2007 au sein de l'Union européenne et en 2009 : 117 millions de médicaments ont été saisis par les douanes, dont 18 millions dangereux.
Internet reste un des principaux canaux de vente, « bénéficiant » d'une grande variabilité des règlementations des Etats européens, en particulier, sur la distribution de médicaments en ligne. Si la commercialisation en ligne est désormais autorisée sur Internet sans prescription, pour certaines catégories de produits en fonction des pays, le rapport « Cracking Counterfeit Europe » a conclu que le marché des faux médicaments en Europe serait de l'ordre de 10,5 milliards d'euros par an et de près d'un milliard d'euros en France. 20% des Européens (et 14% des Français), soit 77 millions reconnaissent acheter des médicaments délivrés uniquement sur ordonnance en dehors des circuits autorisés. Si France reste une zone « protégée » en Europe, en raison de sa réglementation, le pays n'échappe pas à l'appel en ligne des produits de confort, de perte de poids ou autres compléments alimentaires.
3 types de pharmacies officient en ligne, les pharmacies qui livrent après réception d'une ordonnance électronique délivrée par un médecin, les pharmacies qui emploient des médecins qui prescrivent avant livraison et les pharmacies les plus illégales qui livrent sans prescription. , sans aucun contrôle dès lors que le patient est en capacité de les payer. Rappelons qu'en France, la vente sur Internet a été récemment autorisée sous condition que le site soit tenu par un pharmacien disposant d'une officine et reste pour l'instant limitée aux médicaments OTC.
Le rapport livre quelques facteurs clés du marché illicite, comme les remises proposées, de l'ordre de 40 % ou plus, l'emploi du terme « génériques » même si les médicaments relèvent encore d'un brevet et des techniques marketing de plus en plus sophistiquées, relevant de la cybercriminalité, comme la « commercialisation » de médicaments « vedettes » sur Internet avant leur lancement officiel. Répression oui, conclut le rapport, mais même la solution répressive sur Internet passe sans doute par une réduction de la demande et donc l'éducation de l'usager de santé.
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