GRIPPE AVIAIRE H5N1 et supervirus: Les US vers un nouveau cadre de biosécurité
Parce que cette nouvelle souche hautement pathogène du virus aviaire H5N1, développée sur des furets par un biologiste hollandais peut facilement infecter les humains et causer une pandémie meurtrière, en décembre, l’Agence de Biosécurité américaine (NSABB) avait bloqué la publication de ces recherches, pensant qu’elles pourraient poser un risque pour la biosécurité. Le NSABB a ainsi déclenché un grand débat sur l’opportunité de dissimuler des détails importants au public mais en laissant l’accès aux chercheurs qui étudient le virus et aux autorités sanitaires. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait alors rappelé les risques de telles recherches, les conditions de sécurité à respecter et la nécessité de « partager » les données entre chercheurs et états membres.
La revue Nature relance en quelque sorte ce débat sous l'angle de la biosécurité, en interrogeant Amy Patterson, directeur du Bureau de la Politique scientifique des National Institutes of Health (NIH), qui administre le NSABB sur les raisons qui ont justifié cette décision et ce qui pourrait en sortir.
Les auteurs de l'Institut national des allergies et maladies infectieuses (NIAID) qui avaient préparé des projets de publications sur ce nouveau supervirus, ont été depuis contactés par les experts scientifiques du NSABB. L'enjeu ici est de trouver le moyen de partager des informations qui pourraient éclairer la surveillance de la santé publique dans les différents pays du monde. Aujourd'hui, explique Amy Patterson dans Nature, les Etats-Unis travaillent avec toute « une variété » d'organisations internationales sur le sujet.
Une souche « très spéciale »: L'annonce de la « mise au point » d'un tel virus a déclenché un très grand débat aux Etats-Unis et dans le monde. Des appels à la destruction de la souche ont été lancés par certains chercheurs. Le cas est particulier compte-tenu du caractère très pathogène du virus grippal et de la virulence du A H5N1 responsable d'un taux de décès de 60%. Par ailleurs, avant ce développement, la souche naturelle ne possédait pas cette propriété de transmissibilité interhumaine…Et puis, il y a le souvenir de la pandémie de grippe de 1918 qui a tué plus de 20 millions de personnes.
C'est la première fois que le NSABB interdit la publication complète d'une recherche scientifique. Pourtant cette recherche apporte des informations importantes qui pourraient éclairer les efforts de santé publique et la recherche scientifique dans le monde, mais en même temps, pourrait, si elle tombe dans de mauvaises mains, être mal utilisée ou nuire à la sécurité nationale. Le NSABB devrait fournir prochainement des recommandations sur la façon de restreindre l'accès à l'intégralité du contenu de ces publications dans les deux prochaines semaines. C'est la première expérience concrète qui devrait permettre de développer un mécanisme de sécurité sur la publication de données de recherche sensibles.
Un projet de Loi aux Etats-Unis : Comme l'OMS l'a précisé, les objectifs des recherches doivent être définis à l'avance, avec une surveillance continue et « institutionnelle » des progrès réalisés, par une commission d'examen spécialisée dans les maladies infectieuses et les risques de biosécurité posés par ce travail. Le gouvernement américain prépare pour le printemps 2012 un projet de politique avec un cadre global pour la surveillance des recherches à double usage. La communauté scientifique et les institutions devraient être consultées ainsi que le public américain. En tout état de cause, les conditions de publication de telles données scientifiques devraient respecter un moratoire de 3 à 6 mois.
Source: Nature doi:10.1038/nature.2012.9784 « Bird flu and the future of biosecurity”
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