GRIPPE pandémie de 1918 : Le virus était là bien avant…
C’est l'examen des tissus pulmonaires et autres prélèvement d'autopsie de 68 soldats américains morts d'infections respiratoires en 1918, bien avant le pic de pandémie, qui révèle que le virus de la grippe qui a fini par tuer 50 millions de personnes dans le monde était en circulation aux États-Unis au moins quatre mois avant la pandémie de l’automne 1918. Au-delà du fait que ce soient les tout premiers cas identifiés et documentés de la grippe de 1918 dans le monde, les chercheurs cernent ici l’importance des co-infections bactériennes, en conjonction avec le virus grippal, sur le niveau de mortalité et engagent les responsables de santé à se préparer à prévenir, détecter et traiter les co-infections bactériennes au cours des épidémies de grippe à venir.
Cette étude de l'Institut (américain) national des maladies allergiques et infectieuses (NIAID), a donc porté sur des tissus conservés depuis 1918. Les chercheurs ont identifié des protéines et du matériel génétique du virus de la grippe de 1918 dans des échantillons provenant de 37 des soldats, dont quatre décédés entre mai et août 1918, quelques mois avant le pic de la pandémie. Ces quatre cas sont aujourd'hui les premiers cas de grippe pandémique 1918 documentés dans le monde, disent les scientifiques.
L'examen des lésions tissulaires dans ces cas pré-pandémiques est tout à fait semblable à celui de cas survenus au cours de la pandémie. Cela suggère, affirme le Dr Taubenberger, auteur principal de l'étude, qu'au cours de la pandémie, le virus n'a pas subi d'évolution radicale qui pourrait expliquer le taux de mortalité anormalement élevé.
Un schéma identique à celui du virus de la grippe pandémique 2009 : L'étude montre aussi que le virus reproduit non seulement dans les voies respiratoires supérieures, mais aussi les voies respiratoires inférieures un schéma identique à celui du virus de la grippe pandémique 2009.
2 types de protéine hémagglutinine: L'équipe a également trouvé des preuves que 2 variantes du virus ont circulé en 1918. Dans l'une, la protéine virale appelée hémagglutinine se lie parfaitement aux récepteurs des cellules humaines respiratoires, tandis que dans l'autre, l'hémagglutinine se lie de manière moins efficace. Malgré cette différence de capacité de liaison, les deux virus causent des symptômes similaires, et se reproduisent à l'identique dans les cellules tapissant les voies respiratoires, ce qui suggère que les différences de capacité de liaison de l'hémagglutinine ne suffisent pas à expliquer entièrement la mortalité anormalement élevée de la pandémie de 1918.
Des co-infections bactériennes, telles que la pneumonie bactérienne sont identifiées sur les 68 cas étudiés. Les auteurs soulignent le rôle crucial joué par ces infections bactériennes en conjonction avec tout virus de la grippe, que ce soit historique ou futur, dans la mortalité et la nécessité pour les responsables de santé publique de se préparer à prévenir, détecter et traiter les co-infections bactériennes au cours des épidémies de grippe à venir.
Source: Proceedings of the National Academies of Sciences DOI: 10.1073/pnas.1111179108 (2011) “Autopsy series of 68 cases dying before and during the 1918 influenza pandemic peak”. (Vignette hémagglutinine CDC)
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