GROSSESSE et COVID-19 : Le transfert d’anticorps mère-enfant compromis au 3è trimestre
Plusieurs études ont déjà estimé le risque de transmission de COVID-19 de la mère au bébé comme extrêmement rare (<5%) durant la grossesse, avec un taux d'infection qui n'est pas plus élevé en cas d’accouchement par voie vaginale, d’allaitement ou de contact rapproché avec la mère. Cette nouvelle recherche du Massachusetts General Hospital (MGH) révèle néanmoins un transfert compromis des anticorps spécifiques du SRAS-CoV-2 à travers le placenta au 3è trimestre de grossesse notamment, ce qui indique une plus grande vulnérabilité en fin de grossesse et une fenêtre critique préférable pour la vaccination afin d'optimiser la protection de la mère et de son enfant.
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Ces études récentes suggèrent que les nouveau-nés peuvent être exposés à des risques plus élevés de développer des formes plus sévères de COVID-19 après une infection de la mère par le SRAS-CoV-2 au troisième trimestre de grossesse. La cause de cette vulnérabilité plus élevée pourrait être cette altération des anticorps après leur production via un processus appelé glycosylation.
En fin de grossesse, les anticorps anti-coronavirus se transmettent plus difficilement de la mère à l'enfant
Un transfert compromis des anticorps en fin de grossesse : l’étude publiée dans le JAMA Network Open montre que les femmes enceintes atteintes de COVID-19 ne transmettent aucun virus SRAS-CoV-2, mais aussi des niveaux relativement faibles d'anticorps contre celui-ci, au nouveau-né. Dans cette étude, lorsque les scientifiques comparent les anticorps maternels contre la grippe, la coqueluche et contre le SRAS-CoV-2, et comment ces anticorps sont transférés à travers le placenta, ils constatent que le transfert d'anticorps spécifiques du SRAS-CoV-2 au bébé est en comparaison extrêmement réduit, mais que même les anticorps transférés sont moins fonctionnels, que les anticorps contre la grippe par exemple. Le transfert réduit n'a été observé que lorsque l'infection de la mère intervient au troisième trimestre.
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La glycosylation en cause ? Le processus de glycosylation c’est-à -dire de liaison des glucides aux anticorps spécifiques du SRAS-CoV-2 serait en effet modifié au 3è trimestre, ce qui pourrait expliquer ce transfert réduit des anticorps de la mère au fœtus. Les attachements d'hydrates de carbone sur les anticorps spécifiques du SRAS-CoV-2 dans le sang maternel sont en effet très différents de ceux observés avec les anticorps de la grippe et de la coqueluche. Ainsi, la forme de glycosylation observée peut provoquer un « blocage » des anticorps spécifiques du COVID dans la circulation maternelle, et empêcher leur transfert à travers le placenta via les récepteurs d'anticorps placentaires. Les augmentations induites par l'infection des anticorps maternels totaux, ainsi que l'expression placentaire plus élevée d'un récepteur d'anticorps qui attire le motif glucidique sur les anticorps spécifiques du SRAS-CoV-2, permettent néanmoins de « surmonter partiellement le problème » et de laisser un passage à certains anticorps fonctionnels de mère au fœtus. D’ailleurs, parmi les anticorps qui "passent alors le mieux" , les cellules tueuses naturelles (NK) (ou lymphocytes NK) les plus efficaces à aider le nouveau-né à combattre le virus en cas d’exposition.
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Quelles implications ? Les scientifiques entrevoient la nécessité de schémas vaccinaux capables d’induire des niveaux élevés d'anticorps spécifiques du COVID avec des schémas de glycosylation favorisés par le placenta, pour un transfert sélectif vers le fœtus. « Il s’agira donc de définir les règles du transfert d'anticorps placentaires du SRAS-CoV-2 pour concevoir des vaccins efficaces pour les femmes enceintes et leurs nouveau-nés ».
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Enfin, observer comment le transfert d'anticorps varie d'un trimestre de la grossesse à l'autre indique la fenêtre souhaitable pour la vaccination durant la grossesse, soit, au vu de ces nouvelles données, le plus précocement possible.