GROSSESSE: Et si la dépression de la mère impactait le cerveau de l'Enfant?
Les examens par IRM révèlent une augmentation du volume des amygdales dans le cerveau des enfants de 10 ans dont la mère a présenté des symptômes de dépression au cours de sa vie. Pour les chercheurs de l’Universitéde Montréal, cela signifie que le cerveau des enfants est sensible à la qualité des soins qu'ils reçoivent et à leur environnement au tout premier stade de développement. Cette étude, publiée dans l’édition en ligne du 15 août des Comptes-rendus de l’Académie des Sciences américaine (PNAS), implique la mise en place de programmes de prévention pour les enfants exposés aux symptômes dépressifs chez la mère.
Les amygdales du cerveau qui se développent le plus rapidement juste après la naissance, sont responsables de la réaction émotionnelle à l'information et aux événements et influent sur le comportement que nous adoptons face aux risques. Ce besoin de bien reconnaître les sources de sécurité et de danger pourrait être plus important chez les jeunes enfants.
Le Dr Sonia Lupien et ses collègues de l'Université de Montréal ont suivi des enfants de dix ans dont la mère a présenté des symptômes de dépression au cours de sa vie, et ont découvert que la taille des amygdales de ces enfants, la région du cerveau liée aux réactions émotionnelles, était plus importante. Des résultats similaires avaient été observés sur le cerveau d'enfants ayant vécu en orphelinat avant d'être adoptés. “D'autres études ont démontré que les mères qui se sentent déprimées sont moins sensibles aux besoins de leur enfant et sont plus désengagées”, expliquent les Drs Sophie Parent et Jean Séguin de l'UdM.
L'attention personnalisée portée aux besoins des enfants, un facteur clé: Ces travaux démontrent que les volumes des amygdales des enfants qui grandissent avec une mère déprimée sont plus importants. Leur taille plus importante des amygdales pourrait signifier un besoin plus aigü de protection. Le Dr Lupien explique: « Il est possible que les amygdales jouent un rôle protecteur grâce à un mécanisme qui produit des hormones du stress connues sous le nom de glucocorticoïdes, dont le niveau est plus élevé chez les enfants de mère déprimée qui ont participé à l'étude. Chez les adultes qui ont grandi dans un environnement comparable à celui de ces enfants, le niveau de glucocorticoïdes est plus élevé et la réaction est plus intense lorsqu'ils participent à des tests de stress en laboratoire.
Le cerveau extrêmement sensible à l'environnement au tout premier stade de développement: Bien que cette étude ne puisse éclaircir les causes de l'augmentation du volume des amygdales, les chercheurs mentionnent que des études sur l'adoption ont également révélé que les enfants qui ont été adoptés tôt au début de leur vie et par des familles plus aisées ne présentaient pas une taille d'amygdale plus importante. "Cette constatation nous permet de supposer que le cerveau est extrêmement sensible à l'environnement au tout premier stade de son développement et confirme l'importance d'une intervention hâtive pour aider les enfants à faire face à l'adversité".
Les auteurs recommandent la mise en place de programmes préventifs et d'études observationnelles sur des enfants exposés aux symptômes dépressifs chez la mère à différents âges afin de mieux comprendre comment l'augmentation du volume de l'amygdale se produit, ses conséquences à long terme et les moyens de prévention qu'il faut adopter. »
"À l'heure actuelle, nous ne savons pas quelles peuvent être les conséquences à long terme de cette réactivité accrue au stress."