GROSSESSE : L’HTA chez la mère compromet la croissance chez l’enfant
Cette étude de l’Université Tokyo, confirme de précédentes recherches en apportant des preuves solides sur des effets indirects et néfastes, des gènes maternels associés à l’hypertension artérielle (HTA), via le placenta, sur la croissance fœtale. Ainsi ces travaux, publiés dans la revue BMC Medicine, montrent que l'activité collective de ces gènes ou « activité polygénique » impliquée dans le risque ou développement de l'hypertension chez la mère, freine le développement du placenta, ce qui réduit le poids de naissance de l’enfant.
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Les maladies cardiovasculaires sont la principale cause de décès dans le monde. Bien que le développement de ces troubles soit le plus souvent associé à des facteurs liés au mode de vie comme l'obésité, des preuves plus nombreuses suggèrent que des événements beaucoup plus tôt dans la vie peuvent également jouer un rôle. Ici, l’équipe japonaise révèle que certains retards de croissance fœtale peuvent résulter du fait que la mère porte certaines variantes de gènes liés à l'hypertension.
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Ces effets sur la croissance de l’enfant peuvent survenir même si la mère n'a pas développé l’HTA avant ou au cours de sa grossesse.
Le processus est donc lié aux gènes de risque d’HTA chez la mère
Certains gènes, exprimés dans les reins et les glandes surrénales régulent la pression artérielle, d’autres sont liés au développement et au fonctionnement du système vasculaire. L'expression et la fonction de ces gènes varient d'une personne à l'autre en raison de différences dans la séquence nucléotidique et certaines de ces variations peuvent être associées à l’hypertension. La somme de ces différences représentée par un score de risque polygénique (PRS) permet d’évaluer le risque génétique d'un individu de développer une hypertension au cours de sa vie.
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Risque génétique maternel plus élevé d'hypertension artérielle et croissance fœtale compromise : bien que le score de risque polygénique d’hypertension maternelle soit inversement corrélé avec le poids de naissance de sa progéniture, les précédentes recherches menées sur le sujet n'ont pas identifié de relation entre la pression artérielle réelle des femmes enceintes et le poids de naissance de leurs enfants.
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Une première explication apportée par l’étude : les chercheurs japonais constatent que les gènes liés à l'hypertension chez les mères affectent le poids du nourrisson à la naissance, via des effets sur le placenta. Ce n'est donc pas directement la pression artérielle, mais le placenta, un organe vasculaire, qui médie la relation entre le score de risque polygénique d’hypertension maternelle et le poids de naissance de l’enfant. Les facteurs génétiques de la mère peuvent affecter son enfant en transmettant directement certains allèles, mais ils peuvent aussi le faire indirectement via l'environnement intra-utérin.
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« Nous nous sommes concentrés sur le placenta car c'est un organe extrêmement vasculaire. Le poids placentaire est également fréquemment corrélé avec le poids à la naissance », explique l’auteur principal, Noriko Sato, professeur agrégé au Département d'épidémiologie moléculaire. L’examen, dans une cohorte de participants japonais, de l’impact du score de risque génétique maternel sur le poids placentaire et le poids de naissance du bébé, révèle :
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- que près de 100 % de l'effet du score génétique « lié au système vasculaire » sur le poids à la naissance est médié par le poids placentaire ;
- une association inverse entre le score de risque génétique de pression artérielle systolique maternelle et le taux de croissance fœtale vers la fin de la grossesse (autour de 36 semaines de grossesse).
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Ainsi, les gènes liés à la pression artérielle maternelle sont associés à une décélération indésirable de la croissance fœtale qui survient via une baisse de croissance placentaire.
« L'environnement intra-utérin construit par le système vasculaire placentaire apparaît donc un facteur plus pertinent ici
que la pression artérielle de la mère au moment de la grossesse ».
Il sera complexe d’inclure les données de risque génétique maternels dans la pratique clinique et pourtant ces données pourraient permettre le dépistage et une meilleure prise en charge périnatale mère-enfant.
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Des résultats par ailleurs fascinants, car ils pourraient contribuer à prévenir le développement de la maladie bien avant son apparition (soit l’HTA chez la mère et le déficit de croissance chez l’enfant).
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