GROSSESSES NON DESIRÉES: Les hommes, ces grands oubliés
Chaque année, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), 41% des 208 millions de grossesses ne sont pas planifiées. On cite souvent l'augmentation des rapports sexuels non protégés chez les jeunes femmes, le nombre de femmes ayant recours à l'IVG (plus de 200.000 en France) ou le nombre d'IVG chez les mineures (13.000 chaque année). Sans cette étude de l'Inserm on en oublierait presque les hommes. Pourtant, selon cette enquête, présentée dans la revue Human Reproduction, près d'un homme sur 4 se déclare à l'origine d'une grossesse non désirée, au cours des 5 dernières années. Un appel à une sensibilisation mieux partagée.
Le chercheur Anna Kagesten de la Johns Hopkins (Baltimore) avec des collègues français de l'Inserm, ont cherché ici à préciser les facteurs, chez les hommes, associés aux grossesses non désirées.
Ils montrent que l'absence de désir lié à ces grossesses est fortement associée à des situations financières précaires, des relations de couple instables, au mésusage ou une mauvaise éducation sur la contraception.
Pour aboutir à ces conclusions, les auteurs ont analysé les données de santé sexuelle et reproductive de l'étude Fecond, menée en France, auprès de 8.675 participants, âgés de 15 à 49 ans, dont 3.373 hommes, par questionnaire téléphonique. Au final, sur 2.997 hommes répondants,
664 signalent 893 grossesses dans les 5 années précédentes.
Les facteurs individuels et contextuels associés au souhait de grossesse et aux grossesses non désirées ont pu ainsi être identifiés par les chercheurs.
· Sur l'ensemble des hommes hétérosexuels actifs, 5% déclarent une grossesse accidentelle au cours des 5 dernières années,
· 20% des grossesses rapportées par les hommes sont qualifiées d'involontaires,
· et 45% de ces grossesses involontaires aboutissent à une IVG
· 68% des grossesses qui succèdent à une grossesse non désirée ne sont pas désirées.
· L'expérience d'une grossesse non désirée est liée à de multiples facteurs,
- l'âge,
- le niveau d'études de la mère,
- l'âge du premier rapport sexuel,
- le nombre de frères et sœurs,
- la méthode de contraception du partenaire,
- le nombre total de partenaires féminins,
- la qualité de la relation avec le partenaire,
- la situation financière et professionnelle au moment de la conception.
Toujours le paradoxe contraception-IVG : La majorité des grossesses non désirées interviennent malgré l'utilisation de contraceptifs,
· dans 58% en raison d'une utilisation irrégulière,
· dans 39% en raison d'un échec (déclaré) de la méthode,
· dans 50% des cas en raison d la croyance (erronée) que le partenaire est sous contraceptif.
Enfin, ces résultats sont très probablement sous-estimés, d'abord parce que le partenaire masculin n'est pas toujours mis au courant et ensuite parce qu'il n'est pas obligatoirement disposer à déclarer une grossesse non désirée. Il est donc primordial, concluent les auteurs, de mieux sensibiliser, impliquer et responsabiliser les hommes dans la « planification familiale » et l'usage de la contraception. « Les grossesses non désirées ne sont pas que l'affaire des femmes ! » insiste Caroline Moreau, chercheuse à l'Inserm.
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