HYPERACTIVITÉ (TDAH): Est-ce sa médicalisation qui explique son expansion?
C’est la question posée par ces sociologues américains qui analysent la croissance de l’incidence des troubles de déficit de l'attention et hyperactivité (TDAH) sous l’angle des ventes mondiales croissantes de médicaments (Ritaline). Bref, selon ces conclusions, présentées dans la revue Social Science and Medicine, cette flambée des diagnostics aurait plus à voir avec le marketing…des médicaments. 5 causes sont globalement évoquées, un lobbying de l'industrie pharmaceutique, l'influence de la psychiatrie américaine, l'adoption de critères plus souples pour le diagnostic, le rôle des associations de patients et une diffusion élargie de l'information via l’Internet.
Plusieurs études ont suggéré que ce trouble, défini comme un groupe de symptômes comportementaux dont l'inattention, l'hyperactivité et l'impulsivité, devenait surdiagnostiqué et surmédicalisé. En particulier, une étude de 2012, publiée dans la revue Psychotherapeut et le Journal of Consulting and Clinical Psychology a apporté des données fiables de ce sur-diagnostic. Une autre étude (américaine) de la Northwestern University montre que le nombre de ces diagnostics aurait augmenté de 66% en 10 ans et appelle à des protocoles de détection plus rigoureux.
De trop nombreux traitements: Ces sociologues de la Brandeis University (US) suggèrent ici que de trop nombreux enfants, simplement désobéissants ou un peu remuants se verraient diagnostiqués avec un TDAH, puis traités par méthylphénidate (Ritaline), un médicament puissant. Cette conclusion émane d'un examen en profondeur des données suggérant l'augmentation du TDAH à travers le monde. Les auteurs documentent ainsi la croissance du diagnostic et de traitement -via l'utilisation du méthylphénidate- du TDAH au Royaume-Uni, en Allemagne, en France, en Italie et au Brésil et examiner les justifications de ces augmentations.
Cet examen conclut à :
· l'influence des laboratoires pharmaceutiques, avec, après une saturation du marché américain, l'objectif de promouvoir le traitement médicamenteux ailleurs dans le monde, en Europe puis au Brésil, au Mexique et au Japon.
· le mouvement de la psychiatrie américaine vers la psychiatrie «biologique», qui veut que les troubles mentaux et du comportement soient traités avec des médicaments plutôt que par psychothérapie.
· l'adoption de critères de diagnostic différents pour le TDAH, avec e passage de la Classification internationale des troubles mentaux et comportementaux (CIM), publiée par l'OMS, au Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM V), publié par l'American Psychiatric Association.
· Enfin, la diffusion de l'information sur Internet avec des tests proposant le diagnostic de TDAH en ligne, ce qui incite davantage de patients ou de parents à solliciter le traitement médicamenteux.
· Les associations de patients auraient également été plutôt favorables aux traitements médicamenteux.
Des explications qui concordent avec nos taux de TDAH plus faibles en France, qui pourraient donc être le résultat d'une tradition culturelle du recours à la psychanalyse pour les troubles du comportement plutôt qu'aux approches médicamenteuses.
Les auteurs prédisent l'extension de cette médicalisation du TDAH à d'autres pays.
Source: Social Science and Medicine October 8 2014 The impending globalization of ADHD: Notes on the expansion and growth of a medicalized disorder
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