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HYPERTENSION : Après un AVC, le mieux serait de ne pas la traiter

Actualité publiée il y a 13 années 10 mois 2 semaines
The Lancet

Si l'hypertension artérielle est un facteur de risque d'accident vasculaire cérébral, prendre un médicament utilisé pour abaisser la pression artérielle pourrait nuire aux patients qui viennent de subir un accident vasculaire cérébral (AVC), conclut cette étude internationale publiée dans l’édition avancée en ligne du 11 février du Lancet. En bref, les chercheurs affirment que la meilleure façon de traiter l'hypertension artérielle dans cette situation, soit après un AVC, est inconnue et que le mieux est donc de ne pas la traiter. Sous peine d’augmentation de risque de déclin de la fonction cérébrale et de la capacité d'accomplir les tâches quotidiennes…

Le candésartan (Atacand®, Kenzen®) est un traitement de deuxième intention de l'insuffisance cardiaque et le premier antagoniste des récepteurs AT1 de l'angiotensine II (sartans). Il est utilisé pour abaisser la pression artérielle, elle-même un facteur de risque d'accident vasculaire cérébral. La pression artérielle augmente généralement dans les premiers jours après un AVC.


Cette vaste étude menée sur plus de 2.000 patients victimes d'AVC, qui avaient tous une pression artérielle élevée, révèle que le médicament n'a pas été bénéfique aux patients et peut avoir des effets indésirables. L'effet du candésartan a été comparé à un placebo chez des patients qui avaient subi récemment un AVC (dans les 7 derniers jours). Il n'y avait pas de différences significatives entre médicament et placebo, et l'état de santé des patients s'est dégradé lors de la prise du médicament.

Les chercheurs ont été surpris, par conséquent, que le médicament ne bénéficie pas aux patients récemment touchés par un AVC. Il reste à déterminer si seul le candésartan est en cause ou si tout autre médicament pour abaisser la pression artérielle produira les mêmes effets. Aujourd'hui, les chercheurs affirment que la meilleure façon de traiter l'hypertension artérielle dans cette situation est inconnue et que le mieux est de ne pas la traiter. Les personnes qui prennent le candésartan pour d'autres raisons, par exemple pour contrôler la pression artérielle, devrait continuer à le faire.

L'essai contrôlé randomisé a été mené par des chercheurs de plusieurs institutions à travers l'Europe, sur 2029 patients (1017 candesartan, 1012 placebo), toujours à l'hôpital quelques jours après leur AVC et a évalué l'utilisation du candésartan, chez ces personnes qui venaient d'avoir un accident vasculaire cérébral et avaient une pression artérielle élevée. Les patients ont été traités pendant 7 jours après leur AVC et ont été suivis pendant 6 mois. Les chercheurs ont également évalué les effets du médicament sur un certain nombre d'autres résultats, dont le taux de décès, toutes causes confondues, le risque d'AVC, le risque de crise cardiaque, les conséquences sur les activités de la vie quotidienne et l'état neurologique (la fonction cérébrale) à sept jours. Les patients du groupe de traitement ont reçu des doses croissantes de candésartan à horaire fixe pendant toute la semaine suivante. Dans le même temps, le groupe placebo ont reçu un comprimé identique. La pression artérielle a été évaluée dans les deux groupes tous les matins et la dose de traitement a été ajustée si la pression artérielle était de retour à la normale. Tous les participants ont également reçu un traitement standard approprié à l'AVC et les autres médicaments qu'ils auraient pris s'ils n'avaient pas participé à l'étude. Les patients ont été suivis pendant une période de six mois.

Résultats : Dans l'ensemble, la pression artérielle a diminué dans les deux groupes durant le traitement, mais plus encore dans le groupe candésartan que dans le groupe placebo, avec une différence de 5 mmHg de pression artérielle systolique à sept jours. Après six mois, cette différence entre les effets des traitements n'était plus significative. Il n'y avait aucune différence entre les groupes dans les résultats combinés de décès d'origine vasculaire, AVC ou crise cardiaque.

En revanche la mesure de la fonction cérébrale et la capacité d'accomplir les tâches quotidiennes montre une augmentation significative du risque de moins bons résultats avec le candésartan.

L'ensemble les résultats semble être en faveur du placebo et démontrent une légère augmentation du risque de résultats négatifs avec le candésartan. Les chercheurs suggèrent donc que le traitement pour abaisser la pression artérielle comporte des risques et pas de bénéfices mais que les patients qui prennent le candésartan pour d'autres raisons, par exemple un « simple » contrôle de la pression artérielle, doivent poursuivre leur traitement.

Source: The Lancet, 11 February 2011 (early online publication) doi:10.1016/S0140-6736(11)60104-9 “The angiotensin-receptor blocker candesartan for treatment of acute stroke (SCAST): a randomised, placebo-controlled, double-blind trial.”, traduction, adaptation, mise en ligne Alexis Yapnine, Santé log, le 17 février 2011

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