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IMPLANTS MAMMAIRES: Le risque suicidaire, dont on ne parle pas

Actualité publiée il y a 13 années 1 semaine 6 jours
The American Journal of Psychiatry

Un risque de suicide multiplié par deux, chez les femmes ayant reçu des implants mammaires à visée esthétique, en regard de la prévalence en population générale. C’est la conclusion principale de cet article publié dans The American Journal of Psychiatry qui traite de la relation inattendue entre implants mammaires à visée esthétique et suicide. Un risque particulièrement élevé chez les femmes implantées à un âge plus avancé, chez les femmes qui ont leurs implants depuis plus de 10 ans ou chez les patientes à antécédents même légers de troubles psychologiques. Une intervention donc, qui nécessite un excellent équilibre psychologique.

Il s'agit d'une méta-analyse de 6 enquêtes épidémiologiques menées au cours des dernières années. Si cette méta-analyse date de 2007, il nous semble néanmoins intéressant d'y revenir, compte-tenu de l'actualité et du fait que ce risque psychologique est extrêmement rarement mentionné. Pourtant, il est bien réel puisque, dans les six études prises en compte dans cette analyse, le taux de suicide des femmes ayant reçu des implants mammaires à visée cosmétique est environ deux fois le taux prévu basé sur les estimations en population générale. · La toute première étude (Mortality among augmentation mammoplasty patients. Epidemiology 2001; 12:321—326) montre que le taux de suicide chez les femmes avec implants mammaires est supérieur à celui de femmes ayant subi d'autres formes de chirurgie esthétique. Dans cette étude, comparativement à la population générale, les femmes ayant reçu des implants mammaires présentent un risque plus élevé de décès liés au cancer du cerveau (SMR = 2,45) et de suicide (SMR = 1,54). Le décès par suicide a été associé à un âge plus avancé lors de l'implantation et à une période, de plus de 10 ans après la date de la chirurgie. · En 2003, deux études scandinaves ont étudié la mortalité chez les femmes ayant reçu des implants mammaires à visée cosmétique et constatent également un nombre plus élevé que prévu de suicides. Dans la première étude (Total and cause specific mortality among Swedish women with cosmetic breast implants: a prospective study. BMJ 2003; 326:527—528) menée sur 7.585 patientes implantées, 15 décès ont été attribués au suicide (au lieu de 5,2 « prévus ») (SMR = 2,9, IC 95% de 1.6 à 4.8). Dans la seconde étude (Causes of death among Finnish women with cosmetic breast implants, 1971—2001. Ann Plast Surg 2003; 51:339—342), l'étude menée sur 2.166 femmes finlandaises implantées, constate 10 décès attribués au suicide (vs 3,13 suicides attendus) (SMR = 3,19, IC 95% de 1,53 à 5.86). · La quatrième étude (Mortality and suicide among Danish women with cosmetic breast implants. Arch Intern Med 2004; 164:2450—2455) souhaitait identifier une relation entre l'augmentation mammaire fournit, en plus, quelques informations sur les antécédents psychiatriques des patientes. Menée sur 2.761 femmes danoises implantées, comparées à 7.071 femmes ayant subi une réduction mammaire et 1.736 femmes ayant subi une autre forme de chirurgie esthétique, l'étude conclut à nouveau à un taux augmenté de suicide (SMR = 3,1, IC 95% de 1.7 à 5.2). 8% des femmes ayant subi cette augmentation mammaire esthétique avaient un antécédent d'hospitalisation psychiatrique avant la chirurgie plus élevé que chez les femmes ayant subi une réduction mammaire (4,7%) ou d'autres procédures cosmétiques (5,5%). · La cinquième étude (Mortality rates among augmentation mammoplasty patients: an update. Epidemiology 2006; 17:162—169) a suivi 12.144 femmes avec implants mammaires et constaté 29 décès classés comme suicides (SMR = 1,63, IC 95% de 1.1 à 2.3, risque relatif = 2,58, IC 95% de 0.9 à 7.8). Le taux de risque de suicide le plus élevé concerne les femmes ayant reçu leurs implants à 40 ans ou plus. Le risque de suicide augmente également après la première décennie post-opératoire. · Enfin, la 6è étude, la plus grande au plan épidémiologique (Mortality among Canadian women with cosmetic breast implants. Am J Epidemiol 2006; 164:334—341) , menée sur 24.558 femmes canadiennes avec des implants mammaires, comparées à 15.893 femmes ayant subi d'autres interventions de chirurgie esthétique aboutit à 58 décès chez les femmes avec des implants mammaires attribués au suicide (SMR = 1,73, IC 95% de 1.31 à 2.24). En revanche, dans cette étude, la seule, le taux de suicide entre les femmes avec des implants mammaires et celles ayant subi d'autres formes de chirurgie esthétique ne diffère pas. Mais là encore, le risque de suicide est le plus élevé pour les femmes ayant reçu des implants mammaires à l'âge de 40 ou plus et chez les femmes qui ont leurs implants sur une longue durée. En résumé, ces 6 études épidémiologiques confirment, de manière unanime un taux de suicide environ du double de celui estimé en population générale. Un risque particulièrement élevé chez les patientes plus âgées ou qui ont leurs implants depuis une longue durée. En conclusion les auteurs conseillent, aussi, à toutes les femmes qui envisagent une augmentation mammaire avec des antécédents, même légers de troubles psychologiques de consulter un professionnel en santé mentale avant de prendre leur décision d'intervention. Au moment où l'Agence sanitaire française recommande d'envisager l'explantation des implants, sans prise en charge de la reconstruction dans le cas des implants à visée esthétique, ce risque aussi est à considérer.


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