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INCONTINENCE D'EFFORT: Le cas de Madame F., jeune et sportive

Actualité publiée il y a 9 années 3 mois 3 semaines
Cas patient

Madame F âgée de 44 ans, qui pèse 47 kg pour 1m61, a des fuites urinaires à l’effort, son urologue lui prescrit un bilan urodynamique avant une intervention chirurgicale pour cystocèle (hernie de la vessie) de stade 3 et rectocèle (hernie du rectum dans le vagin) de stade 2.


Symptômes : La patiente se plaint d'une incontinence urinaire depuis 3 à 4 ans, survenant aux éternuements, au rire, à la marche avec des talons, à la course. La patiente est obligée de se garnir d'une protection hygiénique lors de sa pratique sportive, qu'elle change une fois par jour. La gêne sociale exprimée est importante.

- Le besoin d'uriner est ressenti, sans douleur.

- La miction est difficile.

- Le jet urinaire est perçu, vif et continu.

- La fréquence mictionnelle diurne est de 7 à 8 (dont certaines mictions par précaution) pour 1 lever nocturne.

- La sensation de vidange vésicale est perçue complète, avec des gouttes retardataires.

- Le stop-test est positif.

- La patiente ne se plaint pas de brûlures, ni d'hématurie (présence de sang dans les urines) macroscopique (détectable à l'œil nu).

- L'ECBU (Examen cytobactériologique des urines) présenté est stérile.

La patiente ne présente pas de trouble génito-sexuel. Le sommeil est satisfaisant. Le transit intestinal est régulier. Les apports hydriques sont estimés à 1,5 à 2litres par jour.

L'examen neuro-périnéal retrouve une trophicité normale. On observe une cystocèle (stade 3) et un rectocèle (stade 2). Tous les réflexes périnéaux sont retrouvés. On constate une absence d'anomalie sensitive dans les territoires sacrés. Le testing périnéal est coté à 3/5 avec des efforts de retenue volontaire épuisables, non analytiques. Sur le plan moteur et sensitif au niveau des membres inférieurs, il n'y a pas d'anomalie, la force musculaire est de bonne qualité.

Antécédents : La patiente pratique plusieurs activités comme la natation, l'escalade, le vélo, la course à pied.

On retrouve des tendinites du talon droit et des dorsalgies. En ce qui concerne ses antécédents gynéco-obstétricaux, elle a eu deux accouchements par voie naturelle (poids de naissance normaux) avec épisiotomie et forceps lors du 1er accouchement. Elle a eu des séances de rééducation pelvi-périnéale il y a 12 ans. Elle a également eu une fausse couche. Elle se plaint de mycoses vaginales fréquentes, soit environ 6 par an. Elle a un suivi gynécologique régulier et un stérilet hormonal. La patiente n'a pas d'autre traitement en cours.

Conclusion du bilan urodynamique : Vessie de capacité normale, hyperesthésique (hypersensibilité), normocompliante (pression vésicale normale avec le remplissage de la vessie). Valeur normale et stable de la pression urétrale. Absence de fuite constatée au changement de position grâce à l'effet « pelote » du prolapsus en place, limitant les fuites urinaires. Dysurie (difficulté à l'évacuation) franche, liée aux prolapsus, sans résidu post-mictionnel pathologique observé.

Conduite à tenir :

- Arrêter et éviter les sports à risque d'incontinence urinaire d'effort tels que la course à pied, l'escalade, le vélo, la pratique de travail des muscles abdominaux chez cette patiente au profil morphologique fragile (yeux, cheveux et peau claire) délétères pour le système de suspension du plancher périnéal
- traitement laxatif dans ce contexte de rectocèle en évitant toujours la constipation et la poussée abdominale volontaire lors de la défécation,

- intervention chirurgicale pour cure de cystocèle nécessaire par un urologue, le rectocèle nécessite l'intervention conjointe d'un chirurgien viscéral,

- reprendre les séances de rééducation pelvi-périnéale après l'intervention chirurgicale par électrostimulation à basse fréquence (5 Hertz) pour calmer la vessie (après retrait du prolapsus et donc de l'« effet pelote ») d'une part, et d'autre part par travail manuel du verrouillage périnéal dans les situations à risque de fuite urinaire vessie pleine + biofeedback et électrostimulation à haute fréquence (50 Hertz) pour renforcement des muscles périnéaux.

- vérifier que la patiente porte les protections adaptées aux fuites urinaires, du type protège-slip ou serviette. Ces dispositifs sont en effet plus adaptés que des produits d'hygiène féminine classiques dans la mesure où ils évitent la formation d'odeurs (Produits conseillés : Lights by TENA ou TENA Lady).


Auteur:
Dr Lamia Fourni Consultation d'urodynamique - Unité de Gériatrie Aiguë Hôpital Antoine-Béclère, Clamart (AP-HP)

Pour en savoir plus sur l'Incontinence


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