Incontinence FÉMININE: Traitement oral, Botox, quels modes de prise en charge?
Cette étude des National Institutes of Health qui a pesé les avantages et inconvénients des traitements de l'incontinence féminine, aboutit à une efficacité similaire des traitements par voie orale et des injections de Botox. A 6 mois, quel que soit le traitement suivi, le nombre moyen d'épisodes est passé d'environ 5 par jour à 1 à 2 par jour. Cependant, avec le Botox, deux fois plus de femmes voient, près 6 mois de traitement, leur incontinence cesser. Des résultats publiés dans le New England Journal of Medicine qui proposent d’envisager désormais le Botox comme traitement médicamenteux de première intention, sans oublier les autres modes de prise en charge possibles.
Les femmes ont deux fois plus de risque que les hommes de souffrir d'incontinence urinaire, et de plus en plus avec l'âge. On estime que 15,7% des femmes feront, au cours de leur vie, l'expérience de l'incontinence urinaire, avec comme principaux facteurs, les grossesses et accouchements, la ménopause et la structure de l'appareil urinaire féminin. Avec un traitement approprié, 70% des femmes réussiront à retrouver le contrôle de leur vessie. Anticholinergiques, Botox et incontinence : · Les anticholinergiques ciblent le muscle de la vessie par l'intermédiaire du système nerveux pour réduire les contractions de la vessie et sont fréquemment accompagnés d'effets secondaires dont la constipation et la sécheresse de la bouche et des yeux. · Les injections de Botox agissent en détendant les muscles hyperactifs (Voir schéma ci-contre) et le Botox a déjà démontré sa grande efficacité dans le traitement de la vessie hyperactive. En août 2011, l'Agence américaine Food and Drug Administration a approuvé le Botox, ou onabotulinumtoxinA, pour le traitement de l'incontinence urinaire lorsque la cause de l'hyperactivité vésicale est connue (tout comme l'Agence française du Médicament en septembre 2011).
Le Pr Susan F. Meikle, de l'Eunice Kennedy Shriver National Institute of Child Health et Human Development (NICHD-NIH) explique qu'«auparavant, le Botox était réservé aux femmes qui avaient essayé des médicaments oraux sans résultat ». Mais, dans cette étude, les chercheurs ont inclus des femmes non précédemment traitées par médicaments oraux, pour évaluer l'intérêt du Botox comme une option de traitement de première ligne. Les chercheurs ont comparé l'efficacité des injections de Botox à celle des médicaments anticholinergiques oraux pour le traitement de l'incontinence par impériosité ou par impériosité ou vessie hyperactive chez près de 250 femmes, âgées en moyenne de 58 ans, réparties en 2 groupes. Chaque mois, les femmes ont enregistré le nombre de fuites sur une période de trois jours et ont répondu à des questionnaires sur leurs symptômes et leur qualité de vie.
· Environ 90 pour cent des femmes de chaque groupe ont répondu au traitement dans le mois.
· Au bout de 6 mois de traitement, 70% des femmes des 2 groupes ont déclaré des symptômes maîtrisés.
Botox, plus efficace :
· Au bout de 6 mois de traitement, 27% des femmes traitées par injection de Botox ont vu leur incontinence totalement cesser, soit une proportion double par rapport au groupe sous traitement oral (13%).
· Au bout de 9 mois : Toutes les femmes ont reçu l'ordre d'arrêter leur traitement au bout de six mois, mais 9 mois après le début du traitement, 52% des femmes qui avaient reçu des injections de Botox rapportent des symptômes maîtrisés, vs 32% dans le groupe anticholinergiques par voie orale.
· Au bout de 12 mois : 38% vs 25%
…mais, plus d'effets indésirables : Cependant, les femmes du groupe sous Botox apparaissent plus susceptibles de souffrir de rétention urinaire, de sensation de vidange incomplète ou d'infections de la vessie, alors que les femmes sous traitement oral sont un peu plus susceptibles de déclarer des sensations de bouche sèche (46% vs 31%) - un effet secondaire fréquent des anticholinergiques. 2 mois après le début du traitement, les femmes sous injections de Botox ont besoin d'utiliser un cathéter plus souvent pour vider complètement la vessie (5% vs 0%) et 33% déclarent des infections urinaires (vs13%).
D'autres modes de traitement de l'incontinence, non médicamenteux, peuvent intervenir pour une meilleure prise en charge de l'incontinence, comme, dans certains cas, les exercices d'entraînement du périnée, qui la plupart du temps, après une grossesse par exemple, peuvent réduire voire supprimer une incontinence d'effort ou une incontinence mixte. Enfin, il existe des protections absorbantes adaptées comme le nouveau sous-vêtement absorbant TENA Silhouette, conçu et développé pour les femmes, qui garantissent un confort et une discrétion totale.
En pratique clinique, aujourd'hui en France, le Botox est un traitement de dernier recours pour l'hyper activité vésicale ou l'instabilité vésicale. En pratique, on commence par les anticholinergiques en 1ère intention. En cas d'échec, on complète le bilan par une cystoscopie à la recherche d'une épine irritative pouvant expliquer l'instabilité vésicale rebelle aux anticholinergiques. Puis on passe au traitement de 2ème ligne, l'électrostimulation vésicale qui peut se faire soit par la kinésithérapie avec courants interférentiels (une vingtaine de séances), soit par la neuromodulation sacrée (un type de pacemaker de la vessie). C'est seulement dans le cas où l'électrostimulation ne donne pas de résultats que les injections de Botox sont envisagées. Car un risque est la paralysie de la vessie avec la nécessité de s'auto-sonder. Il s'agit alors de vérifier que les patients sont en capacité de s'auto-sonder. L'effet s'estompe au bout de quelques mois et il est nécessaire de refaire des injections intra-vésicales par cystoscopie régulièrement (tous les ans ou 2 ans).
En France, la Haute Autorité de Santé a précisé en octobre dernier que Botox a l'AMM dans l'hyperactivité détrusorienne conduisant à une incontinence urinaire non contrôlée par un traitement anticholinergique, chez les patients blessés médullaires ou atteints de sclérose en plaques et utilisant l'autosondage comme mode mictionnel. Mais que c'est un traitement de deuxième intention qui apporte un progrès thérapeutique modéré dans la prise en charge des patients.
Source: New England Journal of Medicine DOI: 10.1056/NEJMoa1208872 Anticholinergic Therapy vs. OnabotulinumtoxinA for Urgency Urinary Incontinence
Pour en savoir plus sur les Bonnes pratiques de prise en charge de l'Incontinence
Accéder au dossier de Santé log « Incontinence, la nécessité d'une prise en charge multidisciplinaire »- Pour y accéder, vous devez être inscrit et vous identifier
Autres actualités sur le même thème
-
ASPIRINE et moindre risque de décès par cancer, de nouvelles données
Actualité publiée il y a 12 années 4 mois -
LUPUS et NÉPHROPATHIE: Un médicament deux fois plus efficace
Actualité publiée il y a 13 années 1 mois -
OPIOÏDES : La continuité de la relation médecin-patient inversement associée à l’hospitalisation
Actualité publiée il y a 6 années 1 mois -
INFECTION URINAIRE : Pourquoi il faut toujours consulter
Actualité publiée il y a 3 années 4 semaines