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INCONTINENCE MASCULINE : Perte d’urine, perte d’identité

Actualité publiée il y a 6 années 1 mois 1 semaine
Psycho
L'incontinence urinaire, lorsqu'elle n'est pas prise en charge est vécue comme une épreuve traumatique et finalement, dans la majorité des cas, une perte d’identité masculine.

C’est l’une des rares méta-analyses de la littérature à avoir cherché à mieux comprendre l’expérience psycho-sociale des hommes confrontés à l’incontinence urinaire. Cette recherche révèle une nouvelle fois, que l'incontinence urinaire masculine, lorsqu'elle n'est pas bien prise en charge, est vécue comme une épreuve traumatique, avec un sentiment fréquent de détresse et finalement, dans la majorité des cas, comme une perte d’identité masculine. L'étude souligne enfin l’impact considérable de la prostatectomie et des troubles urinaires et sexuels associés sur la qualité de la vie du patient, qui assimile son incontinence à la représentation symbolique de cette double perte d’intégrité et d’identité.

 

Comment l’incontinence peut affecter, de manière spécifique, la qualité de vie et la psychologie masculines ? Cette analyse souligne d’abord le peu d’études, une vingtaine globalement menées sur le sujet. Pourtant, on rappellera que l’incontinence urinaire touche les hommes et les femmes, différemment cependant, mais quels que soient leur âge, leur culture, leur statut socio-économique, et jusqu’à 15 à 35% des plus de 60 ans.

 

  • La qualité de vie et le sens de la vie apparaissent directement corrélés avec les notions de continence/incontinence chez les hommes. Ainsi, la sévérité et la fréquence des fuites impactent directement la qualité de vie.

 

  • Une réduction de la vie sexuelle et sociale : l’incontinence masculine apparaît comme un facteur déterminant et indépendant de restriction de vie sexuelle et sociale : les études examinées montrent ainsi que la psychologie du sujet combinée à ses perceptions et réactions face aux fuites, détermine l'ampleur du conflit intérieur, de la perception d’une mauvaise santé mais aussi des difficultés à vivre normalement au quotidien avec cette incontinence. Plus les symptômes de l’incontinence sont sévères et plus faibles sont le désir sexuel et la satisfaction de vie.

 

  • L'anxiété : l’incontinence urinaire masculine est cause de troubles anxieux qui contribuent également à cette réduction de vie de couple, familiale et sociale. Le sujet peut éprouver le sentiment « de perdre sa vie » ou du moins d’en perdre le contrôle.

 

  • La honte est fréquemment signalée : l'incapacité de contrôler sa vessie en présence de proches ou en milieu professionnel parents et amis entraîne les sentiments de honte et d’embarras. S’ajoute également la peur d’une capacité désormais réduite à effectuer certaines tâches professionnelles ou de la vie.

 

  • Le mal-être psychologique et social est renforcé par l’odeur de l'urine, les vêtements mouillés, qui peuvent induire jusqu’au sentiment de stigmatisation. Privé par rapport aux autres d’une capacité voire « d’un attribut », l’homme incontinent se décrit comme stigmatisé, avec les effets collatéraux de cette stigmatisation, la perte d’opportunités, la perte d’identité sociale, et finalement une image de soi obérée.

 

  • La nécessité de « faire face » est également évoquée. Il s’agit quand on est un homme incontinent « d’apparaître publiquement comme quelqu’un qui n'aurait pas la maladie ». Un comportement nécessaire pour tenter de préserver une identité sociale « d’homme continent » et de soutenir « une normalité ». Lorsqu’elle se sait, l’incontinence détruit l'identité sociale. Ainsi, l'impact majeur de l’incontinence semble ici associé à des facteurs physiques et comportementaux qui viennent menacer l’identité personnelle du sujet.

 

Un manque culturel de préparation ? les hommes incontinents sont émotionnellement non préparés à gérer ces sentiments d'embarras et de honte qui interfèrent avec leur amour-propre et leur identité. L’analyse montre que pour dissimuler cette double perte d’identité, les hommes incontinents modifient leur comportement. Afin de cacher le port de protections, ils portent fréquemment des pantalons noirs, prennent des douches et changent de vêtements plusieurs fois par jour. L'odeur de l'urine, parfois associée un vêtement mouillé, contribue au sentiment d’être sale. Considérant que les vêtements participent à l'image du corps de l'individu, le changement fréquent de vêtements est analysé comme une tentative pour préserver l'image corporelle. Le nombre de changes impacte également l’image de soi. Une étude souligne que les hommes avec incontinence qui utilisent une protection par jour ont un niveau de qualité de vie quasiment inchangé, tandis que l'utilisation de deux protections ou plus par jour est associée à une perte de qualité de vie. Enfin, lorsque l’âge est avancé, les hommes perçoivent leur incontinence comme un processus dégénératif de leur corps. Et, « ironiquement », relèvent les auteurs, l’incontinence au même titre que la perte d'autres fonctions pendant le processus de vieillissement est bien prédictive de la perte d’autonomie.

 

On retiendra donc que l'expérience des hommes dans la gestion de l’incontinence urinaire entraîne des conséquences émotionnelles sévères qui affectent le quotidien, la qualité de la vie, la fonction corporelle globale, l’identité et l’image de soi. L’analyse relève pourtant que les hommes sont moins nombreux à aller consulter et que beaucoup d’entre eux souffrent sans assistance médicale. En cause, l’embarras bien sûr, mais aussi la croyance tenace que l’incontinence est une fatalité après une maladie de la prostate ou encore une conséquence naturelle du vieillissement.

 

Enfin, les études révèlent combien les professionnels de santé n'accordent pas l'attention nécessaire aux répercussions de l’incontinence urinaire masculine, à la discussion avec les patients des interventions possibles et des dispositifs disponibles.

Un échange important pour les patients, concluent les auteurs, mais également pour les professionnels de santé : car les échanges d’expériences permettent de construire les bonnes pratiques cliniques.


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