INCONTINENCE: Peut-on parler de prédisposition génétique?
L'incontinence est le plus souvent d'origine multifactorielle, c’est pourquoi sa prise en charge est complexe. Considéré à tort comme un témoin du vieillissement, l'incontinence concerne toutes les classes d'âge, de l'enfant au sujet très âgé. 35 % des femmes rencontreront dans leur vie des troubles urinaires, dont 12 % avant 31 ans. Des indices qui suggèrent déjà une susceptibilité génétique, comme le démontre cette étude de l'Université de Göteborg et de l'Institut Karolinska (Suède) publiée dans la revue European Urology.
Alors qu'environ une femme sur trois sera affectée à un certain moment dans la vie, d'incontinence ou l'hyperactivité vésicale, les deux troubles mictionnels accompagnés de fuites urinaires, les facteurs génétiques pourraient expliquer la moitié de leur susceptibilité, selon cette étude qui a porté sur des paires de jumelles. Ces facteurs héréditaires viendraient « booster » les facteurs les plus connus comme la vieillesse, l'excès de poids, la grossesse et l'accouchement, mais aussi les accidents vasculaires cérébraux et d'autres troubles neurologiques. Enfin, certains facteurs environnementaux tels que les mauvaises habitudes mictionnelles (boire trop et ne pas uriner assez souvent) mènent vers la distension vésicale et l'incontinence.... Une combinaison de facteurs, dont des facteurs héréditaires, explique le Dr Anna Lena Wennberg, gynécologue, co-auteur de l'étude : « Nous avons été en mesure, de montrer pour la première fois l'importance de la composante génétique dans différents types de troubles des voies urinaires ». Son étude a porté sur pas moins de 25.000 jumelles suédoises âgées de 20 à 46 ans, du registre de l'Institut Karolinska. L'équipe a analysé les données concernant l'incontinence urinaire, la vessie hyperactive et autres symptômes des voies urinaires en utilisant un modèle statistique qui mesure la part de l'incidence liée à la variation génétique. En comparant la prévalence de ces symptômes chez les vrais jumeaux, qui ont des gènes identiques et chez les jumeaux dizygotes qui ne partagent que la moitié de leur matériel génétique, les chercheurs ont pu estimer l'importance relative des facteurs génétiques et environnementaux.
51% de l'incidence peut s'expliquer par des facteurs génétiques, concluent les chercheurs. Cela ne veut pas que la moitié des femmes vivant avec une incontinence urinaire, l'ont héritée de leurs parents, mais que près de 50% de leur sensibilité à l'incontinence urinaire peut s'expliquée par leurs gènes. Des gènes qui s'avèrent jouer un rôle important pour la nycturie ou la nécessité de se lever la nuit pour uriner. Dans ce cas, environ un tiers (34%) de la variation a une explication génétique.
Une cause épigénétique: En cause, non pas un gène unique de l'incontinence, mais plutôt un certain nombre de gènes différents qui se combinant avec différents facteurs environnementaux entraînent des dysfonctionnements qui, à leur tour, augmentent le risque d'incontinence urinaire. « L'incontinence urinaire est une affection multifactorielle, et maintenant que nous savons qu'une grande partie de la différence d'incidence entre différentes personnes trouve son origine dans leurs gènes, mais avec l'influence de facteurs environnementaux, nous devons nous concentrer sur ces facteurs évitables, comme le tabagisme et l'excès de poids ».
Source: European Urology Genetic Influences Are Important for Most But Not All Lower Urinary Tract Symptoms: A Population-Based Survey in a Cohort of Adult Swedish Twins (Visuel © Vasiliy Koval - Fotolia.com)
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