INFARCTUS: Les femmes dès 35 ans, les nouvelles victimes
L’Institut de veille sanitaire, dans son Bulletin hebdo du 6 novembre, nous montre une évolution plutôt favorable des hospitalisations pour infarctus du myocarde et insuffisance cardiaque, pour la période 2002-2008, sauf pour les femmes, à partir de 35 ans, pour lesquelles le nombre d’hospitalisation est en augmentation. En cause des symptômes spécifiques, moins connus et reconnus, qui entraînent parfois une prise en charge moins rapide, mais aussi la progression chez les femmes du tabagisme, de l’obésité et du diabète.
Une première étude concernant l'infarctus a examiné les évolutions des taux de personnes hospitalisées pour infarctus du myocarde (IDM) entre 2002 et 2008, à partir des données des bases nationales des hospitalisations en court séjour. Les événements ont été sélectionnés à partir du diagnostic principal sur les seuls premiers séjours annuels de chaque patient. L'analyse conclut, · Qu'entre 2002 et 2008, le nombre global de patients hospitalisés pour IDM a diminué de 7,4%, et le taux standardisé de 17,2%, · qu'avant l'âge de 65 ans, une réduction significative des taux d'hospitalisation dans toutes les classes d'âge masculines au-delà de 25 ans, mais une augmentation significative pour les femmes entre 35 et 54 ans. · Qu'à partir de 65 ans, il y a eu réduction significative et notable des taux standardisés, tant pour les hommes (-22,7%) que pour les femmes (-23,7%). · En 2008, 56 102 personnes domiciliées en France ont été hospitalisées pour IDM et globalement, les hommes restent 2 fois plus nombreux que les femmes (66,4% versus 33,6%) et le taux standardisé sur l'âge, globalement égal à 79/100.000 personnes, est presque 3 fois plus élevé pour les hommes que pour les femmes (120 vs 43/100.000).
Diagnostic et prise en charge plus tardifs, et traitement plus délicat chez les femmes : Au global, cette réduction est observée dans toutes les classes d'âge pour les hommes, mais elle est limitée aux 55-74 ans chez les femmes, sans évolution significative entre 35 et 54 ans. C'est la présentation clinique, plus souvent atypique pour les femmes, qui induit fréquemment un retard à la prise en charge. Par ailleurs, Un calibre plus fin et plus sinueux des artères coronaires rend les traitements invasifs par angioplastie plus délicats chez les femmes. Enfin, la gravité plus importante de l'insuffisance coronaire aiguë, du fait des comorbidités et de facteurs physiologiques, est également mise en cause, avec notamment un profil inflammatoire et d'athérosclérose aggravé pour les femmes diabétiques.
Ces résultats confirment une tendance globalement favorable pour la plupart des classes d'âge, mais alerte sur l'augmentation de l'incidence de l'infarctus chez les femmes de 35 à 54 ans, en lien avec l'augmentation du tabagisme, de l'obésité et du diabète ainsi qu'un déficit de prise en charge.
Une seconde étude, concernant l'insuffisance cardiaque (IC) a examiné l'évolution du taux annuel de personnes hospitalisées à partir des données concernant les premiers séjours hospitaliers des bases nationales du PMSIMCO (Programme de médicalisation des systèmes d'information - médecine, chirurgie obstétrique), sur la base du diagnostic principal ou associé d'IC avec diagnostic principal de cardio ou néphropathie, d'œdème aigu du poumon ou de foie cardiaque. L'analyse conclut,
· Qu'entre 2002 et 2008, le nombre de patients hospitalisés a augmenté de 14,4%, mais que le taux standardisé global a peu évolué (-2,5%) et que le taux de mortalité intra-hospitalière à la première hospitalisation a diminué, passant de 8,9% à 7,5%.
· Qu'en 2008, le nombre de patients hospitalisés pour IC en court séjour s'élevait à près de 150.000 avec une répartition hommes-femmes équilibrée.
· A une diminution significative des taux
- entre 5 et 24 ans,
- pour les hommes de 65 Ã 84 ans
- femmes de 55 Ã 74 ans,
· mais à une augmentation pour les femmes de 45 à 54 ans.
Là encore, entre 2002 et 2008, si la tendance est globalement mais faiblement favorable, ce n'est pas le cas pour les femmes âgées de 45 à 50 ans. Les auteurs précisent que l'augmentation observée pour les femmes de 45 à 54 ans pourrait être la conséquence de celle des infarctus du myocarde, qui ont augmenté de 3% par an dans cette classe d'âge durant cette même période. D'où la nécessité de poursuivre une surveillance rapprochée de ces événements cardiaques, en particulier chez les femmes, à partir de 35 ans.
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