INFECTIONS NOSOCOMIALES : L'anti-sporulation contre C. difficile
Cette étude de l'Université Monash (Australie) a sans doute trouvé un moyen de désarmer l’une des bactéries les plus dangereuses, Clostridioides difficile : l'empêcher de produire des spores qui vont perpétuer l'infection. Ces résultats préliminaires, présentés dans la revue Nature Microbiology ouvrent une voie totalement nouvelle pour le traitement et le contrôle de l'infection à C. difficile. D’autres études vont suivre pour pouvoir mettre en œuvre ce traitement combiné en pratique clinique.
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L’infection à Clostridioides difficile, souvent contractée pendant un séjour à l'hôpital, peut être mortelle. Aux Etats-Unis, les Centers for Disease Control and Prevention estiment à 300 le nombre annuel de décès directement liés à la bactérie. C. difficile, qui se développe dans le gros intestin, en particulier lorsque des antibiotiques ont perturbé l'environnement intestinal, est aujourd’hui considérée comme une menace majeure pour la santé. L’auteur principal, le professeur Lyras, rappelle encore une fois que l'utilisation accrue des antibiotiques a exacerbé la recrudescence des infections à C. difficile.
Eliminer la production de spores qui perpétue l’infection
La bactérie produit des spores en dormance, ce qui lui permet de survivre dans des environnements où des bactéries en croissance active périraient normalement. Les spores peuvent infecter et réinfecter les patients, provoquant ainsi une maladie pouvant durer des mois. Mais l'équipe a peut-être découvert un antibiotique qui pourrait prévenir la diarrhée mortelle causée par C. difficile. La stratégie de traitement pourrait également permettre de lutter contre les maladies causées par d'autres bactéries produisant des spores similaires, notamment l'anthrax …
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Une classe particulière d'antibiotiques, les céphamycines, peut, justement, bloquer la formation de spores de C. difficile. Les chercheurs ont découvert cette capacité des céphamycines lors de l’utilisation d’un liquide couramment utilisé pour la culture de C. difficile en laboratoire, et après avoir constaté que la bactérie se développait mais ne produisait pas de spores. Des tests confirment ensuite que les céphamycines entraînent une réduction drastique du nombre de spores.
Contrôler les bactéries formant des spores : le traitement par céphamycines pourrait permettre de contrôler d’autres bactéries formant des spores : « Nous avons examiné d'autres agents pathogènes, y compris Bacillus cereus, un contaminant majeur dans l'industrie alimentaire qui provoque des intoxications alimentaires et nous avons montré que les céphamycines peuvent également réduire, chez cette bactérie, la production de spores ». Ainsi, les céphamycines pourraient aussi aider à contrôler l’anthrax.
C’est une nouvelle stratégie de traitement, « anti-sporulation » qui pourrait venir en combinaison avec  les traitements actuels car elle cible spécifiquement une voie particulière, non ciblée par ces traitements.
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De plus, le fait que les céphamycines soient déjà approuvées en tant que médicaments et commercialisées, pourrait faciliter la réalisation prochaine d’essais cliniques.
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