INHIBITEURS de la POMPE à PROTONS: Et si l'indigestion menait à la démence?
Largement utilisés pour traiter les troubles digestifs, les brûlures d'estomac ou le reflux gastro-œsophagien (RGO), les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) agissent en réduisant la production d'acide dans l'estomac. Cette étude allemande suggère un effet indésirable encore peu connu du médicament : chez les patients âgés, une prise prolongée d’IPP pourrait accroître, après prise en compte des facteurs de confusion possibles, de 44 à 66% le risque de démence. Une conclusion, présentée dans le JAMA Neurology qui ne doit pas inciter à arrêter un traitement prescrit, mais appelle cependant à confirmation par d’autres recherches.
Les IPP comprennent aujourd'hui 5 molécules dont 3 génériquées : Ésoméprazole (Inexium®), Lansoprazole (Lanzor®, Ogast®, Ogastoro® et génériques), Oméprazole (Mopral®, Zoltum®, génériques), Pantoprazole (Eupantol®, Inipomp® et génériques), Rabéprazole (Pariet®). Les IPP sont indiqués dans le traitement du reflux gastro-œsophagien (RGO) et de l'œsophagite par RGO, la prévention et traitement des lésions gastroduodénales dues aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) chez les patients à risque et l'éradication d'Helicobacter pylori et le traitement des ulcères gastroduodénaux.
Les chercheurs du German Center for Neurodegenerative Diseases ont suivi durant 7 ans 73.000 participants, âgés de plus de 75 ans, dont 2.950 prenaient des IPP sur prescription et 70.729 témoins afin de déterminer un lien entre la prise d'IPP et le développement de la démence chez ces personnes âgées. Par utilisation des IPP, les chercheurs entendaient au moins une prescription d'IPP sur une période minimum de 4 mois. Les chercheurs ont pris en compte les facteurs de confusion possibles comme l'âge, le sexe, la prise d'un grand nombre d'autres médicaments, le diagnostic préexistant d'accident vasculaire cérébral, de dépression, de maladie cardiaque ou de diabète.
Au début de l'étude, les patients qui prenaient des IPP étaient significativement différents en termes d'âge, de sexe, et d'antécédents de maladies.
L'analyse constate néanmoins que,
· l'utilisation d'IPP est associée à un risque accru de 66% démence,
· Et, après prise en compte des facteurs de confusion, à un risque toujours significativement accru, soit +44%, de démence.
Ainsi, la prise d'IPP semble ici favoriser, chez des personnes âgées, le développement de la démence. Les chercheurs concluent même qu'éviter de prendre des IPP au grand âge pourrait réduire le risque de démence : ils rappellent en effet que ces données sont en ligne avec celles d'études menées sur la souris qui montrent que l'utilisation des IPP augmente les niveaux de -amyloïde dans le cerveau des souris.
A ce stade, ces données n'impliquent pas d'arrêter de prendre un traitement par IPP prescrit. Mais elles appellent certainement à poursuivre d'autres recherches sur cette classe de médicaments.
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