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INSULINOTHÉRAPIE FONCTIONNELLE : Simple formule ou vraie solution ?

Actualité publiée il y a 13 années 6 mois 18 heures
SFD 2011- Genève

D’après les communications de A. Penfornis (Besançon), L. Monnier (Montpellier) et F. Elgrably (Paris) lors d’un débat organisé par Lifescan, jeudi 24 mars 2011, SFD, Genève.


« Insulinothérapie fonctionnelle : simple formule ou vraie solution ». Tel était le thème d'un débat, animé, organisé par Lifescan. « A la différence de pays comme l'Allemagne et les États-Unis, où l'insulinothérapie fonctionnelle est dorénavant considérée comme la seule approche éducative possible dans le diabète de type 1, cette stratégie continue en effet de susciter des discussions en France », a souligné le Pr Alfred Penfornis (CHU de Besançon).

Du contre…

De fait, le Pr Louis Monnier (Université de Montpellier), a émis plusieurs critiques envers l'insulinothérapie fonctionnelle qui conduisent, au final, ce spécialiste à lui préférer l'utilisation du Holter glycémique pour adapter le traitement. En premier lieu, cet expert remet en question le caractère « physiologique » de cette méthode. Un des principes de l'insulinothérapie fonctionnelle est, a expliqué le Pr Monnier, de calculer les doses d'insuline basale requises en supprimant le flux de glucose lié à l'absorption intestinale des glucides, soit en pratique en demandant aux patients de respecter durant quelque temps (souvent 36 heures) un jeûne total ou glucidique. L'analyse de la réponse glycémique postprandiale à des quantités et doses définies de glucides et d'insuline permet, quant à elle, d'évaluer les besoins en insuline prandiale. « Cependant, ce modèle repose sur l'idée que ces paramètres sont stables, ce qui est malheureusement loin d'être le cas ». Cet expert a ainsi indiqué « que l'absorption intestinale des glucides alimentaires, comme, en dehors des repas, la production hépatique de glucose, et la sensibilité à l'insuline, sont très variables au cours du temps ». L'insulinothérapie fonctionnelle « qui n'est », pour le Pr Monnier « qu'une méthode d'éducation parmi d'autres, n'a pas été non plus évaluée globalement pour son efficacité vis-à-vis du contrôle glycémique, la sécurité, la qualité de vie et la satisfaction du patient ».

… et du pour

Tout autre est l'opinion du Dr Fabienne Elgrably (Hôtel-Dieu, Paris), qui juge au contraire que « l'insulinothérapie fonctionnelle est une vraie solution pour le diabète de type 1, mais à la condition bien sûr que les patients soient prêts à l'adopter, car elle ne peut être mise en place qu'après un diagnostic éducatif individualisé. Cette méthode, qui n'est pas réservée à des patients ayant suivi des études universitaires en dépit de ses contraintes, permet de mieux adapter les doses des trois types d'insuline (basale, prandiales, de correction) au mode de vie du diabétique (alimentation, activité physique), et de mieux gérer les extra alimentaires. Elle limite aussi certaines erreurs courantes des patients, comme l'habitude d'utiliser une dose d'insuline retard trop faible le soir pour éviter les épisodes hypoglycémiques la nuit et permet de prévenir les resucrages excessifs en cas d'hypoglycémie. La répartition des insulines basale et prandiales est mieux équilibrée ; le patient gagne en autonomie face à la maladie et les phénomènes anxieux et dépressifs sont réduits ».

Au vu de l'expérience de l'Hôtel-Dieu de Paris, où plus de 600 patients ont bénéficié de l'insulinothérapie fonctionnelle, le Dr Elgrably estime que cette méthode doit être réalisée en ambulatoire. « Ce qui permet au patient de mieux développer ses capacités d'auto-observation dans son environnement habituel. Malheureusement, les agences régionales de santé pourraient imposer sa pratique au cours d'une hospitalisation », regrette-t-elle.

Une enquête présentée sous forme de film, réalisée parmi les patients du Pr Penfornis, montre que les malades sont favorables à cette méthode. Souplesse, liberté, capacité de manger plus souvent comme les non-diabétiques, et donc de participer davantage à la vie sociale, sont mises en avant par les patients ayant pratiqué l'insulinothérapie fonctionnelle.

Certains se félicitent aussi d'avoir perdu du poids en réduisant leurs doses d'insuline ou de ne plus souffrir d'épisodes d'hypoglycémie nocturnes, car ils savent désormais mieux moduler leur traitement.

Auteur : Dr Corinne Tutin (Vignette NIH)

Source : Lire aussi : ÉDUCATION à l'insulinothérapie fonctionnelle : Des outils pratiques spécialement conçus
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