La "Facebook depression", phénomène ou vraie maladie?
La "Facebook depression", un phénomène décrit comme “affligeant” par les auteurs, est l’un des points les plus marquants du rapport sur «l’'impact des médias sociaux sur les enfants, des adolescents et des familles", publié dans l’édition du 28 mars de la revue Pediatrics. Ue étude qui décrit principalement les défis pour les enseignants et les pédiatres face au nouveau monde numérique et à l’émergence des réseaux sociaux et, parmi ces défis, la prévention de la forme de dépression qui se développe lorsque les adolescents passent trop de temps de vie sur les sites de médias sociaux tels que Facebook jusqu’à présenter des symptômes classiques de dépression. Mais en réalité, est-ce Facebook qui fait l'enfant déprimé, ou l'enfant déprimé trouve-t-il un refuge sur Facebook?
Aux Etats-Unis, tout particulièrement, l'American Academy of Pediatrics alerte les parents, les cliniciens et les pédopsychiatres contre les dangers des médias sociaux.
Encore aucun critère pour effectuer le diagnostic: Ce qui préoccupe aujourd'hui les chercheurs, c'est qu'il n'y a aucune étude scientifique de ce diagnostic, ni de critères pour effectuer ce diagnostic. Si les parents et les cliniciens sont sensibilisés, avec le même niveau d'importance, sur le sexting (envoi de photos sexuellement explicites), la cyberintimidation ou d'autres comportements préjudiciable aux enfants et aux jeunes, la «Facebook Dépression», déforme le vrai sens de la “dépression”. Car un diagnostic de «dépression» ne doit pas être basé sur une durée passée avec un média en particulier.
Encore aucun descriptif clinique: Les auteurs précisent que l'utilisation excessive des médias sociaux peut être apparentée à une forme de “dépendance” ou de “désordre" lorsqu'il perturbe le fonctionnement social, scolaire ou les loisirs, mais une clarification des comportements engendrés doit encore être éffectuée avant de pouvoir classer la "Facebook depression" comme un trouble valide.
L'œuf ou la poule? Le Dr. Eugene Beresin, directeur du Center for Mental Health and Media, et du départment de psychiatrie du Massachusetts General Hospital commente ces constations: “Nous craignons que l'utilisation du terme “dépression Facebook" masque le vrai problème qui touche nos enfants. Est-ce Facebook qui fait l'enfant déprimé, ou l'enfant déprimé trouve-t-il un refuge sur Facebook? La dépression clinique c'est bien plus qu'être triste, c'est un trouble neurobiologique qui s'accompagne d'un ensemble de symptômes secondaires tels que l'irritabilité, l'isolement social, des changements dans le sommeil et l'appétit et le manque de concentration”.
Dans le travail avec les adolescents déprimés et les adolescents ayant des comportements d'addiction à Internet, les cliniciens ont identifié un grand nombre de facteurs qui pourraient contribuer à ce temps passé en ligne: l'anxiété sociale ou gêne sociale, le sentiment d'insécurité à l'école, et, aussi la dépression. Ils interprètent l'utilisation démesurée de Facebook comme un moyen, pour l'adolescent de lutter contre une anxiété sociale sévère et la peur de l'interaction en face à face avec d'autres jeunes et, finalement, comme un moyen “d'ouvrir une porte", un acte trop difficile à accomplir dans la réalité.
Que peut faire un parent ou un clinicien avec ce “nouveau diagnostic” de l'AAP de “Facebook depression"? Eh bien, les parents doivent être conscients du temps passé par leurs enfants en ligne, suivre les différents types d'activités de leurs enfants et discuter avec eux de l'utilisation d'Internet.
Les pédiatres devraient aussi intégrer dans leurs évaluations de santé, le temps passé sur Internet.