Le JEÛNE intermittent est-il bénéfique pour la santé?
Avec la prévalence du surpoids et de l’obésité, de nouveaux régimes alimentaires deviennent de plus en plus populaires. Le jeûne intermittent, la restriction calorique intermittente ou encore l’alimentation limitée dans le temps à 4 ou 6 heures dans la journée, font partie de ces nouveaux schémas alimentaires, cependant on en sait peu sur leurs effets réels sur la santé. Cet article de perspective, d’une équipe internationale, nous apporte un aperçu précieux des données scientifiques disponibles sur ces régimes et sur leurs bénéfiques pour la santé. A lire dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS).
Si de nombreuses études portent sur les effets d'aliments ou de nutriments spécifiques sur la santé et le risque de maladies, peu ont porté sur un autre aspect fondamental de l'alimentation, la fréquence et le moment du repas dans le cycle circadien, ainsi que sur les avantages ou inconvénients possibles de périodes de jeûne intermittentes ou avec des apports énergétiques réduits au maximum. Citons tout de même, sur le thème de « l'heure des repas », une première démonstration de l'importance du timing des repas et de la relation importante entre l'horloge biologique et le risque de surpoids et d'obésité ainsi qu'une étude du Brigham and Women Hospital qui confirme que l'heure des repas est aussi importante que leur composition, ou presque. Alors que le schéma alimentaire courant dans les sociétés modernes prévoit 3 repas, avec parfois quelques collations entretemps, certaines études suggèrent cependant que des périodes de restriction « énergétique » intermittentes peuvent contribuer, dans certaines situations, à améliorer les indicateurs de santé et prévenir le développement de certaines pathologie. C'est notamment le cas de cette précédente étude de l'Université de Californie du Sud qui suggère, dans la revue Cell Stem Cell, qu'un jeûne intermittent permet de mieux récupérer sur le plan immunitaire, en particulier en cas de chimiothérapie.
3 repas par jour est un rythme alimentaire anormal du point de vue évolutif, explique le groupe d'étude. Une habitude qui date du passage de la cueillette et de de la chasse à celui de l'agriculture, il y a environ 12.000 ans et qui resterait très décalée par rapport à l'évolution de nos corps, encore mal adaptés à ce rythme alimentaire relativement moderne. Les auteurs citent certaines études suggérant que limiter l'apport énergétique sur une période même limitée à 16 heures peut avoir des bénéfices pour santé. En cause, des mécanismes qui, durant ces périodes de jeûne ou de restriction vont brûler les graisses comme source d'énergie, et, dans le même temps stimuler la réparation cellulaire.
Les auteurs ont recherché tout particulièrement les données concernant,
· la restriction calorique, un régime dans lequel l'apport calorique quotidien est réduit de 20 à 40%, la fréquence des repas restant inchangée,
· la restriction d'énergie intermittente qui consiste à éliminer ou à réduire fortement son apport calorique (aliments et boissons) par intermittence, par exemple, deux jours par semaine, et à un maximum de 600 à 1.000 calories,
· l'alimentation limitée dans le temps qui consiste à limiter la consommation quotidienne de nourriture et de boissons à une période de 4 à 6 heures.
Ils rappellent nos besoins en énergie, soit, en moyenne, 2.000 calories par jour pour les femmes et 2.500 pour les hommes.
Les auteurs relèvent finalement, à partir de leur revue, les tendances suivantes :
· La restriction énergétique ou le jeûne intermittent préviennent et même inversent, chez l'animal, le développement de certains cancers, maladies cardiovasculaires, diabète et maladies neurodégénératives.
· 4 mécanismes biologiques liés à la restriction énergétique intermittente sont évoqués comme pouvant protéger les cellules contre les blessures et la maladie.
· Autre conclusion, le petit-déjeunersouvent documenté comme une aide au contrôle du poids, pourrait être sans conséquence sur le poids selon les dernières données publiées.
Le message principal de cet article de perspective est donc un appel au consensus sur le régime alimentaire, les horaires et le nombre des repas, les apports caloriques, donnant lieu à des recommandations uniques en santé publique et des recommandations cliniques en cas de maladie ou d'impératif de prévention par la modification du mode de de vie. Sur l'objectif le plus courant de perte de poids, les auteurs rappellent la nécessité de consulter.
Source: PNAS November 17 2014 doi: 10.1073/pnas.1413965111 Meal frequency and timing in health and disease
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