Le TAMOXIFENE, un anti-œstrogène réduit de 87% le risque de décès du cancer du poumon
Une nouvelle étude suggère que le tamoxifène, un médicament anti-œstrogènes utilisé chez la femme dans le traitement de certains cancers du sein, peut réduire, jusqu’à 87%, le risque de décès par cancer du poumon. Cette étude, publiée dans l’édition en ligne de la revue Cancer, une des revues de l’American Cancer Society, soutient l'hypothèse selon laquelle il y aurait une influence hormonale dans le développement du cancer du poumon et que les taux d'œstrogènes jouent un rôle dans le pronostic des patients atteints.
Des recherches antérieures avaient suggéré que la thérapie hormonale de la ménopause augmentait le risque des femmes de mourir d'un cancer du poumon. Si ces conclusions sont justes, a contrario, la prise d'anti-œstrogènes devrait avoir l'effet inverse. Le Dr. Elisabetta Rapiti, du Registre genevoix du cancer a comparé l'incidence du cancer du poumon et des décès liés chez des patientes atteintes de cancer du sein qui ont été traitées ou non par thérapie anti-œstrogènes. Le tamoxifène a une action anti-hormonale, principalement anti-œstrogènes : il bloque l'action stimulante des œstrogènes sur les seins en se liant, lorsqu'ils existent, avec les récepteurs des œstrogènes.
L'étude a inclus 6.655 femmes présentant toutes un diagnostic de cancer du sein entre 1980 et 2003, enregistrées au Registre genevoix du Cancer. Parmi ces femmes, 46% (3066) ont reçu des anti-œstrogènes. Toutes les femmes ont été également suivies sur l'incidence et le décès de cancer du poumon jusqu'à décembre 2007.
40 femmes participant à l'étude ont développé un cancer du poumon. L'incidence du cancer du poumon n'était pas significativement différente entre les patientes atteintes de cancer du sein, traitées ou non par anti-œstrogènes par rapport à la population générale, mais moins de femmes prenant des anti-œstrogènes sont décédées du cancer du poumon.
Résultats : 87% de décès en moins dus au cancer du poumon dans le groupe sous anti-œstrogènes que dans la population générale.
"Nos résultats suggèrent une influence hormonale sur le développement du cancer du poumon déjà suggérés par la présence de récepteurs d'œstrogènes et de progestérone dans une proportion importante de cancers du poumon » conclut le Dr Rapiti. "Si les études prospectives confirment que des agents anti-œstrogènes réduisent le risque de décès du cancer du poumon, il y a des implications importantes évidentes pour la pratique clinique ».
Rappelons que le cancer du poumon est à fort taux de mortalité. Si, en France, ce taux diminue chez l'homme (de 48,0 à 42,9 décès pour 100.000 entre les périodes 1993-97 et 2003-07), le taux de mortalité féminine par cancer du poumon a augmenté de manière importante sur les vingt dernières années, passant de 4,5 à 9,5 pour 100.000 entre les périodes 1983-87 et 2003-07, soit une augmentation de 111 %*.
*InCa Dynamique d'évolution des taux de mortalité des principaux cancers en France- Nov 2010