Les OMEGA 3, pour réduire les troubles du comportement
Cette étude, menée par un neuro-criminologue de de l'Université de Pennsylvanie, spécialisé dans les interactions entre la biologie et l’environnement confirme que les oméga-3, ces acides gras présents dans l'huile de poisson ont des effets bénéfiques sur le développement neurologique à long terme. Ses conclusions, présentées dans le Journal of Child Psychology and Psychiatry, vont jusqu’à suggérer qu’une supplémentation en omega-3, prise pendant plusieurs mois peut venir à bout d'un comportement antisocial et agressif chez l’enfant.
Adrian Raine, professeur à l'Université de Pennsylvanie, est un spécialiste de l'interaction biologie et environnement en tant que facteur possible de développement de troubles du comportement. La perturbation biologique des zones cérébrales qui régulent l'émotion peut, explique-t-il, sous l'action de facteurs environnementaux, être la cause d'explosions de violence, d'impulsivité et d'autres traits associés dans certains cas à la criminalité. Mais l'auteur est aussi un adepte des interventions « biologiques » capables de conjurer ces troubles sévères du comportement. De précédentes recherches menées par ses équipes ont fait la preuve de l'efficacité de programmes « d'enrichissement » destinés aux enfants. Des programmes qui combinent la stimulation cognitive, l'exercice physique et la nutrition. Ces chercheurs ont cherché ici à comprendre les différents mécanismes à l'origine de cette amélioration, en particulier ceux liés à la composante nutritionnelle.
L'hypothèse de départ est liée aux résultats obtenus auaravant sur un groupe d'enfants présentant un mauvais état nutritionnel à 3 ans et devenus plus agressifs et antisociaux à 8, 11 et 17 ans. En reprenant de plus près les composantes de l'intervention, l'équipe s'est rendu compte que les enfants recevaient un supplément de deux portions et demie de poisson par semaine. A la même époque, des recherches de plus en plus nombreuses commençaient à documenter l'intérêt des oméga-3 pour le développement et le fonctionnement du cerveau.
Le rôle des Omega-3 : Ils régulent les neurotransmetteurs, améliorent la vie des neurones et augmentent la ramification dendritique. Et, si notre corps ne les produit pas, nous pouvons lui apporter « à partir de l'environnement » (nutrition), explique l'auteur. Les recherches en neuro-anatomie menées sur des criminels violents confirment cette hypothèse. D'autres études d'imagerie cérébrale ont montré qu'une supplémentation en oméga-3 optimise la fonction du cortex préfrontal dorsolatéral, une zone particulièrement lésée ou à dysfonctionnement chez les sujets délinquants.
Cette nouvelle étude confirme à nouveau cette théorie. L'essai a été mené auprès d'une centaine d'enfants âgés de 8 à 16 ans, qui ont reçu des suppléments d'oméga-3 sous la forme d'une boisson enrichie avec 1 g d'oméga-3 une fois par jour pendant 6 mois vs 100 enfants ayant reçu un placebo. La personnalité des enfants a été évaluée, par test et par interview des parents.
L'analyse montre que,
· le taux moyen d'un comportement antisocial et agressif tel que décrit par les parents chute dans les deux groupes durant la période de suivi.
· Cependant, ces taux reviennent très vite au niveau de départ pour les enfants sous placebo,
· mais ils restent très inférieurs, toujours à 12 mois, chez les enfants ayant pris des omega-3 et continuent même à baisser : l'analyse confirme ainsi chez ces enfants une réduction de 42% dans les scores de troubles « d'extériorisation » et de 62% pour les troubles « d'intériorisation ».
· Étonnamment aussi, les parents de ces enfants montrent également une amélioration de leur comportement antisocial et agressif. Soit les parents avaient pris un peu de supplémentation ? Soit était-ce une réponse positive à l'amélioration du comportement de leur enfant.
C'est certes un travail préliminaire, du dire même des chercheurs, et il reste à découvrir le rôle exact de la nutrition dans cette interaction entre le développement du cerveau et le comportement antisocial. Cependant ces premières données appellent à examiner plus avant le rôle des oméga-3 comme une intervention précoce contre les troubles du comportement chez l'enfant.
Source: Journal of Child Psychology and Psychiatry DOI: 10.1111/jcpp.12314
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