L'OFFICINE revisitée par l'IGAS
Rémunérer les pharmaciens "comme des professionnels de santé" -ce qu'ils sont déjà- sur l’acte principal de la dispensation du médicament et optimiser le réseau des officines sur le territoire, ce sont deux pistes importantes proposées par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) qui tire ses conclusions de l’enquête nationale menée sur l’économie et les pratiques officinales. Révision radicale du mode de rémunération, ajout de nouveaux services rémunérés à l’acte mais aussi vente à terme des médicaments OTC via l’Internet, ce rapport ne laissera pas les pharmaciens indifférents.
Difficultés croissantes de trésorerierécentes affaires, l'économie des pharmacies a été fortement affectée ces dernières années par l'encadrement des dépenses de Santé, à tel point que le gouvernement avait demandé à l'IGAS, en février dernier, de mener cette enquête pour déboucher sur des propositions et sur de nouveaux modes de rémunération. C'est chose faite avec pas moins de 37 recommandations dont, sur le plan économique, l'arrêt des créations de nouvelles officines, l'encouragement aux regroupements d'officines et la mise en place d'une certification des officines.
Réviser le système de rémunération : Aujourd'hui, les marges des grossistes et des pharmaciens sont fixées conjointement par les ministres chargés des finances, de la santé et de la Sécurité sociale, elles sont dégressives par tranche de CA et plafonnées pour les grossistes. De plus, la marge des pharmaciens baisse avec la hausse du prix des traitements délivrés. La baisse du volume des ventes et la hausse des prix des traitements délivrés ne jouent donc pas en faveur de la rémunération des officines. L'une des propositions de la Mission serait paramètres, l'ordonnance, les lignes de prescription et la nature du médicament.
Vers une autorisation de la vente de médicaments sur Internet? C'est une idée déjà “ancienne” qui consistait à autoriser la vente sur Internet des produits non remboursables et vendus sans prescription médicale obligatoire c'est-à-dire les produits d'automédication (ou produits-conseil). Ici, la Mission juge la vente sur Internet de ces médicaments inévitable du fait de la règlementation du marché européen. Il s'agira en effet, un jour ou l'autre pour la France de se conformer avec la jurisprudence communautaire, qui s'appuie ici avec l'arrêt DocMorris du 11 décembre 2003 de la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE), qui autorise la vente sur Internet de médicaments sans ordonnance. Plus largement, la mission recommande la dématérialisation des ordonnances.
Enfin, de nouveaux services, rémunérés à l'acte, comme le renouvellement des traitements des maladies chroniques par exemple ou les interventions auprès des médecins en cas de doute ou de problème sur l'ordonnance, viendraient renforcer l'activité et les revenus des officines. Sans aucun doute, les réactions des officinaux à ce rapport, en particulier sur la vente par Internet ne se feront pas attendre.