Lutte contre le SIDA: Vers la mutualisation de la responsabilité
« Nous vivons à l'ère de la solidarité internationale et de la responsabilité mutuelle »*. La réalité ? Les financements nationaux augmentent, les financements internationaux s’étiolent, c’est la principale conclusion de ce rapport du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (Onusida), publié quelques jours avant la 19e Conférence internationale sur le sida de Washington (22-27 juillet). Ainsi, en 2011, les pays à faibles et moyens revenus auront investi 8,6 milliards de dollars dans la lutte contre le sida, soit une augmentation de 11 % vs 2010, alors que le financement de la communauté internationale sera resté globalement stable entre 2008 et 2011, à hauteur de 8,2 milliards de dollars. Cependant, malgré les progrès accomplis, seule la moitié (54 %) des 14,8 millions de personnes éligibles a aujourd’hui accès au traitement.
Ensemble, nous allons mettre fin au sida, c'est le titre de ce nouveau rapport qui non seulement fait le point sur la prévalence, l'incidence, les décès et l'accès au traitement antirétroviral dans le monde mais donne cet aperçu des investissements internationaux et nationaux contre le VIH et la nécessité de mieux employer encore les fonds disponibles.
Vers une prise en charge interne : Peut-on parler de prise de conscience, d'organisation, de meilleure responsabilité ? Sans doute ces plus de 80 pays qui ont augmenté, entre 2006 et 2011, d'au moins 50 % leurs investissements nationaux en faveur de la lutte contre le sida, doivent aussi faire face à la stabilité voire l'épuisement des ressources internationales avec la crise. Alors que les financements internationaux s'étiolent, explique le rapport, de plus en plus de pays augmentent la part des investissements consacrée à la lutte contre le VIH.
Mais, résultat, un nombre record de 8 millions de personnes bénéficient aujourd'hui d'une thérapie antirétrovirale soit 1,4 millions de personnes de plus qu'en 2010. Les investissements publics nationaux en faveur de la lutte contre le sida se sont développés au fur et à mesure que l'économie des pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires se développait elle-aussi. Ainsi, les dépenses publiques en Afrique subsaharienne, (hors Afrique du Sud) ont augmenté de 97 % au cours des cinq dernières années. Les fonds versés par l'Afrique du Sud proviennent d'ores et déjà à plus de 80% de sources de financement nationales, et le pays a quadruplé ses investissements nationaux entre 2006 et 2011. De même, le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sudont augmenté de plus de 120 % leurs dépenses publiques nationales en faveur de la lutte contre le VIH entre 2006 et 2011. Ces pays financent désormais plus de 75 %, en moyenne, des montants investis à l'échelle nationale dans la lutte contre le sida.
Ainsi, selon le rapport, ces pays les plus touchés et en même temps, les plus démunis seraient en train de prendre une position de leader dans la riposte face au VIH.
Les Etats-Unis, leaders de l'action internationale : Si le financement de la communauté internationale est resté globalement stable entre 2008 et 2011, les Etats-Unis apportent toujours près de la moitié de cette aide internationale. Leaders aussi dans l'innovation dans la prévention (PreP, home-tests), les Etats-Unis ont indiqué qu'ils continueraient à assumer leur part de responsabilité partagée, en réalisant des investissements « intelligents ».
Mais un déficit subsiste, estimé de l'ordre de 7 milliards de dollars en 2015, si l'on veut poursuivre les programmes en cours et maintenir les résultats obtenus. Pour atteindre cet objectif, il serait nécessaire, appelle l'Onusida, que tous les pays réalisent un effort pour accroître leurs financements.
Ainsi, le rapport rappelle que si depuis 2009, le nombre de nouvelles infections chez les enfants a chuté de 24 %, environ 330 000 enfants sont encore infectés chaque année… 4,9 millions de jeunes gens sont atteints de l'infection à VIH, 75 % d'entre eux vivant en Afrique subsaharienne. Au niveau mondial, les jeunes femmes ayant entre 15 et 24 ans restent le groupe le plus à risque au regard du VIH, et on estime que 1,2 millions de filles et de jeunes femmes ont été nouvellement infectées en 2011.
* Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA
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