MALADIES INFECTIEUSES: La nouvelle piste de la tolérance immunitaire
Ce nouveau regard est porté, dans l’édition du 24 février de la revue Science, par trois chercheurs, de l’institut Gulbenkian de Ciência (Portugal), de la Yale et de Stanford vers une troisième stratégie, jusque-làdélaissée, la tolérance àl'infection. Car le système immunitaire protège des effets négatifs causés par l'agent pathogène. Les mécanismes sous-jacents àla réponse immunitaire pourraient bien ouvrir la voie àde nouvelles stratégies pour traiter de nombreuses maladies infectieuses.
Miguel Soares de l'Institut Gulbenkian de Ciência (Portugal), Ruslan Medzhitov de la Yale University School of Medicine and David Schneider de l'Université de Stanford nous expliquent les deux raisons possibles à l'échec thérapeutique face aux maladies infectieuses.
En cas d'invasion par des agents pathogènes (bactéries, virus ou parasites), que se passe-t-il ?  Le système immunitaire entre en action, par la détection, la destruction et finalement l'élimination de l'agent pathogène. Mais cette «résistance à l'infection» s'accompagne fréquemment de dommages collatéraux sur certains tissus vitaux de l'hôte (foie, rein, cœur et cerveau). Ces mêmes dommages peuvent avoir des conséquences mortelles, comme c'est le cas, par exemple, en cas de paludisme, de sepsis sévère et d'autres maladies infectieuses.
En revanche, la tolérance réduit l'impact nocif de l'infection et donc de la réponse immunitaire. Alors que la tolérance est un mécanisme bien étudié dans l'immunité des plantes, elle a été largement négligée chez les mammifères, dont les humains, précisent les auteurs. Toutes les connaissances sur les mécanismes moléculaires qui sous-tendent cette stratégie ont été obtenues par l'équipe de recherche de Miguel Soares, auteur principal de l'étude. L'équipe s'est intéressée à l'identification de mécanismes de tolérance spécifiques à certaines maladies mais aussi mécanisme général de la tolérance dont les effets protecteurs pourraient être exploités.
Résistance ou tolérance ? Là est la question : Il n'en reste pas moins que la résistance est, règle générale, le seul mécanisme considéré dans des études animales et humaines, quand l'hôte capitule face à l'infection, on met alors le système immunitaire en cause.  Ici, les auteurs nous expliquent que ce n'est pas toujours le cas et font la distinction entre la résistance –qui n'a pas échoué- et la tolérance –qui peut aussi être dans ce cas, la cause de morbidité et de la mortalité par maladies infectieuses-. Cette distinction pourrait dicter le choix des approches thérapeutiques. Lorsque le problème principal est l'échec de la tolérance, alors stimuler le système immunitaire ou administrer des antibiotiques seront probablement inefficaces. Dans ce cas, il faudrait peut-être mieux regarder du côté de l'amélioration de la tolérance. Une piste, certes théorique, mais claire, vers  l'efficacité dans la lutte contre les maladies infectieuses, inflammatoires et auto-immunes.
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