MALTRAITANCE infantile, dépression à l'âge adulte
Un enfant sur dix est exposé à la maltraitance, psychologique, physique, sexuelle ou à la négligence. La maltraitance à l’enfance multiplie par 2 le risque de développer des épisodes dépressifs à la fois multiples et durables, selon cette étude à publier dans l’American Journal of Psychiatry. La recherche, dirigée par une équipe du King College de Londres de psychiatrie constate aussi que les personnes maltraitées pendant leur enfance sont plus susceptibles de mal répondre aux traitements pharmacologiques et psychologiques de la dépression.
Cette analyse combinée de 16 études épidémiologiques portant sur plus de 20.000 participants et de 10 essais cliniques impliquant plus de 3.000 participants confirme des résultats d'études antérieures concluant que la maltraitance infantile est responsable d'anomalies dans les différents systèmes biologiques sensibles au stress psychologique, le cerveau, le système endocrinien et le système immunitaire, ce qui peut entraîner d'importantes implications cliniques.
La dépression se classe parmi les troubles psychiatriques les plus courants dans le monde entier, rappellent aussi les auteurs, avec 1 enfant sur 10 exposé et, en 2020, la dépression pourrait être le second facteur de charge de morbidité mondiale à tous les âges, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Dr Andrea Danese, auteur principal de l'étude au King College, explique: “Identifier précocément les personnes à risque d'épisodes dépressifs multiples et durables est essentiel dans une perspective de santé publique. Les résultats indiquent que la maltraitance infantile est également associée à un risque accru de développer des épisodes récurrents et persistants de dépression, et à un risque accru de mauvaise réponse au traitement. La prévention et des interventions thérapeutiques précoces ciblant la maltraitance pendant l'enfance pourrait s'avérer essentielles. Les anomalies biologiques associées à la maltraitance infantile pourraient expliquer pourquoi les individus ayant des antécédents de mauvais traitements répondent mal au traitement de la dépression."
Notre étude montre que les antidépresseurs, les traitements psychologiques et la combinaison des deux sont moins efficaces chez ceux qui ont des antécédents de maltraitance infantile. Bien que nous ne sachions toujours pas exactement quel type de traitement peut améliorer leur prise en charge, il se peut que de nouveaux traitements basés sur les vulnérabilités biologiques associées à la maltraitance infantile pourraient s'avérer une voie intéressante pour la recherche."