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MÉDICAMENT: Le déremboursement a aussi des effets pervers

Actualité publiée il y a 13 années 2 mois 2 semaines
IRDES

Si le déremboursement d’un médicament produit des économies immédiates, son efficacité sur le long terme pose question, nous explique l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes) et mériterait de s’appuyer sur des outils de pilotage afin d’anticiper l’impact des prochains déremboursements. Hausse de tarifs des produits passés en automédication, reports de prescription vers des médicaments parfois moins adaptés ou plus couteux, le déremboursement a aussi quelques effets pervers.

L'Irdes rappelle que l'augmentation continue des dépenses pharmaceutiques a incité les pouvoirs publics, sur la période 2002-2011, à dérembourser les médicaments à faible service médical rendu : Sur les 486 médicaments à service médical rendu (SMR) insuffisant toujours commercialisés en mars 2011, 369 ont été déremboursés tandis que 117 restent remboursés à 15 % pour la plupart. Retour sur les conséquences observées des déremboursements.


Une baisse immédiate de la prescription des médicaments concernés et une réduction importante du nombre de boîtes de médicaments vendus est la conséquence immédiate des déremboursements. Une analyse réalisée par la Mutualité française*, montre que le déremboursement de mars 2006 a entrainé une réduction très importante en volume de ces médicaments (-50 %) et de 41% en CA. Cette réduction du nombre de boîtes vendues est liée à une baisse de 61% des prescriptions, une baisse qui se maintient dans le temps.

Les laboratoires pharmaceutiques modifient alors leur stratégie de vente des médicaments déremboursés : Les prix des médicaments déremboursés augmentent de 43 % en moyenne juste après le déremboursement* et les laboratoires pharmaceutiques proposent de nouvelles présentations, conditionnées pour la vente en automédication.

L'automédication se développe sur ces produits, de 33% (toujours sur la base des déremboursements 2006) mais toutefois sans compenser la forte baisse des quantités vendues.

Le report de prescription vers des médicaments encore remboursés, très fréquent lorsque le déremboursement concerne un médicament isolé ou une partie d'une classe thérapeutique, vient limiter les économies possibles pour l'Assurance maladie, en particulier lorsque le nouveau médicament prescrit est plus onéreux. Par ailleurs, ce report peut avoir des conséquences en termes de santé publique car la substitution n'est pas toujours pertinente d'un point de vue médical. L'Irdes cite l'exemple du déremboursement de veinotoniques qui s'est traduit par un report de prescription dans 42 % des cas, principalement vers des anti-inflammatoires non stéroïdiens ou des antalgiques (52 % des reports), une orientation vers le spécialiste (35 % des reports) et un recours à la compression élastique (22 % des reports). Ou encore le report de prescription des mucolytiques vers des bronchodilatateurs et des antitussifs, pas forcément adaptés et plus économiques.

Cette étude de l'Irdes souligne ainsi les effets pervers des reports de prescription, tant au plan économique que médical et suggère de se doter d'outils de pilotage qui prennent en compte l'environnement thérapeutique du produit déremboursé afin d'anticiper l'impact des prochains « déremboursements ».


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