MICROBIOME INTESTINAL : La choline, un nutriment essentiel à notre régulation génétique
Les bactéries intestinales sont les premiers consommateurs de nutriments, au point de nous priver ou nous carencer en certains nutriments dont nous avons besoin pour réguler notre métabolisme. Parmi ces nutriments essentiels à nos cellules, en particulier pour bien réguler les gènes, la choline, un nutriment essentiel appartenant à la classe des vitamines B. Cette étude de l’Université du Wisconsin-Madison qui souligne à nouveau le lien complexe entre la nutrition, les microbes intestinaux et le métabolisme de l'hôte, pose plus concrètement la question de la carence en choline et des moyens d’y remédier : une question complexe car le sous-produit du métabolisme bactérien de la choline, connu sous le nom de TMAO, est également lié à des résultats négatifs et plus de choline dans le régime alimentaire pourrait conduire à plus de TMAO...
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Les bactéries intestinales consomment une grande partie de notre nourriture avant de « nous en laisser » et, dans certains cas ou modèles de microbiome intestinal, l'accès aux nutriments dont l'hôte a grand besoin se trouve réduit. Cette recherche montre que des souris qui hébergent des niveaux élevés de microbes mangeurs de choline se retrouvent privées de ce nutriment essentiel. Par rapport aux souris sans bactéries mangeuses de choline, ces souris présentent finalement une susceptibilité accrue aux maladies métaboliques et donnent naissance à des petits souffrant d’altérations biochimiques dans le cerveau et présentant des comportements plus anxieux.
La choline se trouve en grande quantité dans le soja, les œufs, la viande, le poisson, le chou-fleur, le lait et d'autres aliments. Seuls 10% de la population répondent aux apports alimentaires recommandés de choline (ici aux Etats-Unis). De plus, le besoin en choline est accru pendant la grossesse pour soutenir la régulation épigénétique et la santé cellulaire chez le fœtus en développement.
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La régulation épigénétique est ici à nouveau en cause, impactée par ces effets des bactéries intestinales boulimiques de choline. Car la choline contribue aux ressources nécessaires aux cellules pour apporter des modifications à l'ADN et, avec moins de choline disponible, la capacité de la cellule à modifier et à réguler les gènes peut être altérée. Ici, les chercheurs montrent qu’en cas de carence de choline chez l’hôte, non seulement les tissus du foie mais aussi ceux du cerveau présentent des profils épigénétiques modifiés. Ces modifications épigénétiques qui changent l’expression de certains gènes « sont également celles qui font du foie un foie, et du cœur, un cœur ».
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Le microbiome concurrence son hôte pour ce nutriment essentiel : sur des souris privées de germes et colonisées avec des populations de microbes prédéfinies, dont des microbes mangeurs de choline, un régime riche en matières grasses induit rapidement toute une gamme de maladies métaboliques : les souris colonisées par des « bactéries à choline » prennent plus de graisse abdominale et développent un foie gras.
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Grossesse et besoins accrus de choline : la progéniture de souris avec bactéries mangeuses de choline présente un profil épigénétique altéré dans le cerveau, suggérant des problèmes de développement et de comportement : Chez les souris génétiquement prédisposées à des problèmes comportementaux, celles qui ont des bactéries mangeuses de choline présentent des comportements plus anxieux, comme l'enfouissement de billes dans leurs cages. Des taux accrus d'infanticide et de toilettage obsessionnel sont également constatés chez les mères.
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Comment réduire la carence ? Toute la question est là . Car le sous-produit du métabolisme de la choline bactérienne, connu sous le nom de TMAO, est également lié à des résultats de santé négatifs. Ici, les chercheurs observent des niveaux beaucoup plus élevés de TMAO chez les souris à bactéries mangeuses de choline. Le TMAO toxique pourrait expliquer ces profils épigénétiques perturbés et être à l’origine de ces perturbations métaboliques et du développement. Cette constatation pose la question d’une alimentation plus riche en choline, voire d’une supplémentation, mais le risque évoqué serait également des niveaux plus élevés de TMAO. L’étude ne répond donc pas vraiment à la question mais souligne l’équilibre fragile entre la nutrition, le microbiote et le métabolisme de l'hôte. Â
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« Comme dans toute bonne recherche scientifique, nous avons gratté la surface du problème et ouvert un million de questions » !
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