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MICROBIOTE INTESTINAL: Une clé contre la malnutrition?

Actualité publiée il y a 8 années 1 mois 3 semaines
Science

Cet article de perspective en forme de revue de la littérature suggère que le microbiote intestinal est peut-être une clé pour faire face la malnutrition infantile et au retard de croissance associé. Près de 180 millions d'enfants dans le monde en souffrent, avec d’autres risques de maladie et de déficience cognitive. Le microbiome intestinal apparaît ici comme une cible clé pour faire face à ce retard de croissance. La bonne combinaison de microbes pourrait en effet, faire pencher la balance entre le retard de croissance et une croissance saine et normale, même en cas d’apport calorique insuffisant.

3 études (1,2,3) notamment sont mises en avant par William Petri, Jr., un spécialiste des maladies infectieuses à l'Université de Virginie qui a passé plusieurs années au Bangladesh à suivre la santé des nourrissons et à constater l'incapacité des suppléments alimentaires à inverser les effets négatifs d'une mauvaise nutrition.


Plusieurs études ont déjà suggéré que lesbactéries intestinales pourraient influencer l'obésité, maintenant les chercheurs font l'hypothèse qu'elles pourraient également influer sur la réponse d'une personne à la faim. Le Dr Petri, ses collègues du Centre international de recherche sur les maladies diarrhéiques au Bangladesh et le Dr Jeffrey Gordon, microbiologiste à l'Université de Washington à St. Louis ont recueilli, chaque mois, des échantillons fécaux d'enfants sains mais malnutris âgés de moins de 2 ans. Leur étude (4) montre que lorsque ces enfants se développent « normalement », leur microbiote intestinal évolue alors qu'au départ de l'étude, il ne disposait pas des communautés bactériennes appropriées pour leur âge. En cas de malnutrition, expliquent les auteurs, le microbiote de l'enfant est "immature" et comparable à clui d'un enfant plus jeune.

Le microbiote, un facteur indépendant de la croissance, quelle que soit la nutrition : D'autres études menées auprès de nourrissons au Malawi apportent les preuves de l'influence de ces communautés microbiennes sur la croissance. Une étude menée sur la souris (1) modifiée pour être privée de microbiote propre mais nourrie avec le même régime alimentaire que ces nourrissons, permet de constater l'association entre la malnutrition, des microbiomes « immatures » et des retards de croissance, musculaires et osseux, chez la souris, comme chez le petit enfant. (Voir schéma de gauche).

Une autre étude française (2) montre que de jeunes souris également privées de microbiote, ne suivent pas le même développement musculaire et osseux que des souris qui présentent un microbiote normal, et cela, même elles reçoivent la même quantité de nourriture.

Microbiote et hormones de croissance : cette étude (2) révèle de plus un mécanisme, l'influence des microbes sur les niveaux d'hormones : Chez les animaux en bonne santé, l'hormone de croissance stimule une augmentation d'une seconde hormone, un facteur de croissance insulinique 1 (IGF-1), qui à son tour favorise la croissance des tissus. Les souris privées de germes ont les mêmes niveaux d'hormone de croissance mais l'activité de l'IGF-1 dans le sang, le foie et les muscles est réduite. Cette relation microbiome-hormone peut donc contribuer à expliquer le retard de croissance chez les enfants sous-alimentés.

L'allaitement peut contribuer à l'équilibre du microbiome : plusieurs études dont (3) montrent l'apport de l'allaitement dans ces situations de malnutrition qui peut même replacer la croissance de l'enfant sur la bonne trajectoire. En cause ces oligosaccharides spécifiques du lait humain. Lorsque les chercheurs ajoutent des oligosaccharides purifiés issus du lait maternel dans le régime alimentaire de souris « équipées » des microbes d'un enfant souffrant de malnutrition sévère, les souris prennent du muscle, de la densité osseuse, de la « cognition » et équilibrent leur métabolisme. Par le traitement de ces sucres, les bactéries peuvent à leur tour produire des blocs de construction moléculaires qui contribuent à la croissance.


De larges implications
, car sur la base de ces observations, on peut faire l'hypothèse que l'état nutritionnel des enfants pourrait être modifiable par manipulation de la flore intestinale. De telles interventions pourraient faire l'objet de tests, très prochainement chez des enfants souffrant de malnutrition. Les probiotiques pourraient ainsi se révéler un outil précieux aussi contre la malnutrition.


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