MIGRAINE: Un levier génétique identifié
C'est le premier gène dont une mutation est démontrée comme cause d’une forme typique de la migraine. Ces recherches menées par l’Université de Californie San Francisco (UCSF) ouvrent sans aucun doute la voie à de nouveaux traitements en identifiant cette cible génétique étroitement associée à une forme de migraine, la migraine avec aura. Ces conclusions publiées dans l’édition du 1er mai de la revue Science Translational Medicine, en identifiant cette mutation mais aussi en décryptant la voie moléculaire de la douleur liée à la migraine, laissent présager de nouveaux traitements.
Le Dr Louis J. Ptáček, professeur de neurologie à l'UCSF et auteur principal de l'étude rappelle que la migraine, dont les causes sont encore mal connues, affecte de 10 à 20% de la population et provoque d'énormes pertes de productivité, une dégradation de la qualité de vie et jusqu'à « des souffrances immenses». Ses symptômes typiques sont le mal de tête, une augmentation de la sensibilité à la douleur et une hypersensibilité aux stimuli légers et l'aura, une sensation visuelle qui annonce la crise. Ici, son équipe démontre le rôle clé de la mutation liée dans le développement de la migraine chez l'homme, sur un modèle de souris de la migraine et sur des lignées cellulaires en laboratoire. La mutation identifiée, l'est dans un gène déjà connu CKIdelta (ou gène de la caséine kinase I delta).
Son équipe a d'abord analysé la génétique de deux familles chez qui la migraine était fréquente et constate qu'une proportion importante des membres de la famille migraineux présentent, soit directement la mutation soit sont descendants d'un porteur de la mutation. L'équipe démontre aussi, en laboratoire que la mutation affecte la production de l'enzyme caséine kinase I delta, essentielle à un certain nombre de fonctions vitales dans le cerveau et le corps. La mutation a donc des conséquences biochimiques réelles et démontrables.
Ensuite, sur une lignée de souris modèles porteuses de la mutation, les chercheurs, sans pouvoir mesurer les maux de tête chez la souris, démontrent la présence d'autres symptômes de la migraine, comme un seuil de sensibilité abaissé à la douleur.
Enfin, un autre élément de preuve est une dépression corticale envahissante comme une vague de silence de signalisation constatée dans le cerveau après une stimulation électrique (Voir vidéo ci-contre). L'imagerie cérébrale fonctionnelle montre ainsi, chez les personnes atteintes de migraine avec aura, que dans les lobes occipitaux les changements dans la circulation sanguine se propagent à la même vitesse que cette « dépression corticale envahissante ». Dernière preuve, les astrocytes, des cellules cérébrales essentielles au bon fonctionnement du cerveau et à la santé neuronale montrent, chez des souris modèles une augmentation de la signalisation calcique.
Si la mutation CKIdelta est loin d'être la seule mutation susceptible d'être associée à la migraine, c'est la première mutation identifiée. Et, au-delà de l'identification essentielle de la mutation, une meilleure compréhension de la voie moléculaire de douleur dans la migraine, donc un espoir de meilleurs traitements.
Une étude récente, publiée dans la revue Epilepsia avait démontré que l'épilepsie et la migraine sont deux pathologies influencées par des facteurs génétiques, avec une susceptibilité commune. Une autre étude génétique, publiée dans Nature Genetics avait identifié, en comparant l'ADN de 9.000 migraineux, des régions de l'ADN ou SNPs qui semblaient être associées aux migraines.
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