NEURO: Ils fabriquent de la démence in vitro
Convertir des cellules souches pluripotentes induites (CSPi) de patients atteints de démence fronto-temporale en neurones corticaux permet d’obtenir des neurones « porteurs de démence » in vitro. Mais, plus intéressant, appliquer une correction génétique lors de cette conversion, permet aussi d’obtenir des neurones en partie normaux. Cette recherche expérimentale d’une équipe de l’Institut de recherche en Neuroscience de Louvain (Belgique) marque une étape dans la compréhension d’une forme fréquente de démence et ouvre l’espoir d’une thérapie génique.
La démence fronto-temporale, une forme héréditaire de démence, est le résultat de dommages aux neurones dans les lobes frontaux et temporaux, qui conduisent progressivement au développement de symptômes comportementaux, de communication ou émotionnels. En cause, dans environ la moitié des cas survenant avant l'âge de 60 ans, des mutations dans le gène GNR (progranuline), qui entravent le développement neurologique.
L'équipe identifie ici une nouvelle stratégie thérapeutique en transformant des cellules souches dérivées de cellules de 3 patients atteints, en neurones corticaux (Voir visuel ci-contre). Les cellules souches provenant de patients atteints étaient porteuses de ces mutations de prédisposition, mais lorsque les chercheurs corrigent cette anomalie, les cellules souches reviennent partiellement à la normale.La technologie de base reste l'utilisation de CSPi issues au départ de cellules de la peau de patients atteints, qui sont reprogrammées en « arrière » en cellules souches embryonnaires capables de se différencier en d'autres cellules spécifiques.
Explication : La mutation de GRN modifie une voie de signalisation, Wnt, clé dans la formation des neurones corticaux. Il se trouve que c'est l'une des principales voies défectueuses dans les CSPi issues de cellules de patients atteints. La correction génétique ou par traitement avec un composé de la voie de signalisation défectueuse permet de restaurer restaure la capacité des CSPi à se transformer en neurones corticaux. Les chercheurs démontrent ainsi que la mutation GRN est responsable de ce dysfonctionnement du développement neuronal.
Des cellules souches « démentes » in vitro : Ces modèles de cellules souches vont également permettre de mieux comprendre la démence, et en particulier la démence fronto-temporale, et de tester de nouveaux médicaments permettant de bloquer ou ralentir la dégénérescence des neurones corticaux. Les chercheurs vont maintenant travailler à identifier des cibles moléculaires précises, autour de GRN et Wnt, pour le développement de nouveaux traitements.
Source: Stem Cell Reports Jan, 2015 DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j.stemcr.2014.12.001 Restoration of Progranulin Expression Rescues Cortical Neuron Generation in an Induced Pluripotent Stem Cell Model of Frontotemporal Dementia (Schéma@Susanna Raitano / Stem Cell Reports 2014)
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